La panique et l’inquiétude règnent, ces derniers temps, en maitre au niveau des villages Hellil, Mellala, Aït Ahmed Ouamnsour, Ireza et Ibachiren, relevant de la commune d’Oued Ghir, après la découverte dans une rivière serpentant notamment le village Hellil, d’un produit hautement toxique, s’échappant du centre d’enfouissement technique Sidi Boudraem, surplombant ces localités.
Ce produit dangereux, le lixiviat, et la menace qu’il représente sur leur la santé hantent depuis l’esprit des citoyens de cette région. Au début de l’année en cours, le mouvement associatif avait tiré la sonnette d’alarme et a interpellé les pouvoirs publics, notamment la direction de l’environnement, pour prendre les mesures qui s’imposent et éviter une catastrophe.
«Nous avons informé toutes les parties concernées, que ce soit le directeur de ce CET, la direction de l’environnement et le chef de daïra sur cette situation alarmante. Le S/G de la wilaya nous a reçus dans son bureau et nous a promis, en présence du directeur de l’environnement, de trouver des solutions appropriés à ce problème. Depuis, nous n’avions rien vu sur le terrain, malgré la gravité de ce problème et les risques majeures qu’il représente sur la santé publique», a indiqué Taherbilt, président d’une association locale.
Devant ce qu’ils qualifient «d’indifférence» des pouvoirs publics, les habitants de ces villages ont décidé de passer à l’action. Ils ont annoncé avant-hier, dans une déclaration rendue publique, dont nous détenons une copie, le blocage à la circulation routière, aujourd’hui, de la RN 12 pour «réclamer la fermeture immédiate de ce CET». Le recours à cette action draconienne est imposé selon ces habitants, par l’urgence d’une intervention rapide pour éviter une catastrophe écologique et humanitaire. «Il y a des puits qui ont été déjà contaminés par ce produit. La pollution par les lixiviats est irréversible et irréparable.
L’utilisation d’une eau contaminée par ce produit toxique peut favoriser des pathologies cancérigènes, les malformations congénitales et les mutations génétiques», a expliqué M. Taherbilt, citant des affirmations d’un expert et spécialiste en la matière. Notons que le directeur de l’environnement de Béjaïa, qui s’est réuni avec des élus locaux à l’APC d’Oued Ghir et des représentants du mouvement associatif local, les avait rassuré en affirmant «qu’il n’existe aucun danger immédiat» nécessitant de fermer le CET. Il les a aussi informés «qu’un bureau d’étude a été engagé pour l’établissement d’une étude qui consiste à dégager la solution adéquate» à ce problème.
Pour rappel, le CET de Sidi Boudrahem a été mis en service en mi-août dernier, par l’actuel wali de Béjaïa, pour mettre fin à la décharge communale de Boulimat, sise en amont de la côte Ouest de la commune de Béjaïa. Dépourvu, entre autres, d’un centre de tri et d’une station d’épuration, le CET de Sidi Boudrahem n’a de CET que le nom. «Il s’agit d’une délocalisation pure et simple de la décharge de Boulimat», déplore, pour sa part, un élu municipal à Oued Ghir.
Boualem Slimani

