Immédiatement après la fin des pluies de la deuxième semaine du mois de mars, les cultivateurs de la région qui ont attendu que le sol soit légèrement asséché se sont lancés dans l’opération des labours d’entretien, notamment des vergers d’arboriculture, toutes espèce confondues. Chacun s’y attèle selon les moyens en sa possession : tracteurs agricoles pour les plaines de la vallée du Sahel ; bœufs, mulets et tout autres bêtes de traits pour les régions montagneuses. Quant aux démunis, ils utilisent des bêches et des crochets à deux dents, et se font même aidés par leurs familles sachant que pour retourner de grandes surfaces manuellement avec ces moyens rudimentaires et dans les délais, il faudrait beaucoup de main-d’œuvre. Ces agriculteurs sont engagés dans la course contre le temps, l’opération doit être terminée avant l’arrivée des grandes chaleurs soit avant que n’intervienne « aghurar » qui endurcit la surface du sol, et fait cesser cette activité. Aussi, l’on constate déjà partout dans la région d’importantes surfaces agricoles qui commencent à changer de couleurs- en passant de la couleur verte de l’herbe à la celle rouge du sol retourné-. Par ailleurs, l’olivier reste l’arbre dominant dans les plaines, mais dans les régions montagneuses, on y trouve une importante variété d’arbres tels que les figuiers, les vignes, les cerisiers, entre autres espèces d’arbre fruitiers, mais il n’en demeure pas moins que même dans ces régions de montagne l’espèce dominante reste l’olivier, suivie de près par le figuier et à un moindre degré le cerisier. Il est à signaler qu’au niveau des villages de la commune d’Aghbalou, tout comme ceux de Saharidj, tels que Tadert lejdid et ighzer iwakuren, subsistent encore quelques spécimens de paires de boeufs «tayuga en Kabyle», et même des charrues traditionnelles toutes faites en bois, dont les propriétaires, en plus de labourer leurs propres champs, louent leurs bœufs pour ceux des cultivateurs qui n’en n’ont pas. Au niveau des villages Ath oualvane, Ath hamad, Ath illiten ivelvaren et Imezdhurar, ce sont surtout des mulets qui sont utilisés. Cette opération des labours d’entretien rependra à la fin du mois d’avril, après la fenaison, dès que le sol sera assez aspergé par les fréquentes pluies orageuses de cette période sachant que les racines et tiges restant de l’herbe retournées se transforment en engrais assez riche en azote après décomposition. Toutes ces activités font que les champs se repeuplent de nouveau et une animation assez remarquable règne, sachant que ceux qui ne labourent pas s’adonnent au nettoyage de leurs parcelles qu’ils débarrassent des branchages, des pierres, de l’herbe sauvage ou des buissons, au greffage, ou plantent des arbres, en parallèle à des flâneurs qui profitent de ces merveilleuses journées ensoleillées et des enivrantes senteurs du tissu végétal en pleine croissance, dont c’est aussi la période d’éclosion avec toutes sortes de fleurs qui embaument agréablement l’atmosphère. Une animation qui redouble d’ampleur, depuis ces cinq dernières années, avec le net recul de l’insécurité et du terrorisme. Enfin, les cultivateurs renouent aussi avec les travaux des champs pour atténuer un tant sois peu les retombées d’une inflation vertigineuse, débridée et incontrôlable des fruits et légumes en tirant le maximum de leurs parcelles.
Oulaid S.