Amghar n Ucequf en guet-star à Ikhetaben

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La petite bourgade d’Ikhetaben, située au milieu d’une forêt luxuriante, à 16 km du chef-lieu de la commune d’Adekar, a connu une animation inhabituelle durant trois jours, et ce, à l’occasion de la 2e édition du Festival du théâtre d’expression amazighe, organisé du 24 au 26 mars en cours.

Le travail de concert que s’attèle à pérenniser les membres de l’association culturelle «Amghar n Ucequf» se veut de ressusciter et faire renaître de ses cendres une tradition vieille comme le monde. «Ce rite ancestral, en évanescence, Amghar n Ucequf, éponyme de l’association, est l’occasion idéale de réunir les villageois autour d’un riche programme», nous dira le président de ladite association, M. Ahmed Fortas. À l’instar des autres villages et âarchs de la Kabylie, le village Ikhetaben, situé en contrebas du chef-lieu communal, et par le biais de son association culturelle, tient mordicus à célébrer cette journée afin de rappeler à la nouvelle génération la richesse du patrimoine culturel kabyle aux dimensions anthropologique et ethnologique. L’école primaire, où s’est tenu l’événement, grouillait de monde, où femmes, enfants, jeunes ont honoré par leur présence les artistes et autres artisans venus enrichir par leur savoir-faire cette festivité. «Nous tenons solennellement à pérenniser la célébration Umenzu n tafsut afin que la nouvelle génération ait conscience de l’importance de garder jalousement ce legs des anciens», déclare notre interlocuteur. Au programme de cette 2e édition, du théâtre en filigrane, de la magie, de la musique, exposition de tableaux, de mets traditionnels, vente-dédicace de livres… À dessein de faire sortir le village de l’enclavement qui règne en maître des céans dans ce patelin coupé du monde, l’Association Amghar n Uceqquf a trouvé en cette fête, organisée autrefois pour accueillir le printemps, une occasion rêvée pour la sauvegarde de l’héritage culturel de la Kabylie. Le rite en question est une sorte de carnaval masqué n’ayant rien à envier la fête d’Halloween, célébrée par les pays occidentaux, notamment dans les pays anglo-saxons. Pour ce faire, deux volontaires se prêtent au fameux déguisement n Umghar ucequf, en sus, déguisés en vieux, portant des accoutrements traditionnels. Et dans le souci de pousser le travestissement à fond, les visages des deux «vieux» sont voilés d’un masque confectionné à l’occasion. Au demeurant, la sortie des deux personnes déguisées est accompagnée par une procession d’enfants, sillonnant le village et faisant du porte-à-porte en recueillant les offrandes des villageois. Des œufs durs sont offerts à la «vieille dame» symbolisant ainsi le renouveau et l’accueil de jours meilleurs. Pour la personne déguisée en vieillard, de l’argent lui est offert en général. Les donateurs reçoivent en contrepartie les bénédictions de la procession et mettent ainsi leurs familles et leurs habitations à l’abri de la mauvaise fortune. Les offrandes récoltées seront partagées par la suite entre les enfants du village. Une véritable fête où se mêlent convivialité gaité et théâtre à ciel ouvert. «Créé en 2014, notre mouvement associatif gagne de l’estime auprès des villageois et de la commune. Notre grand souhait et de pérenniser ce rite ancestral que nous devions garder jalousement et fièrement», avoue M. Ahmed Fortas.

Bachir Djaider

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