Les enseignants contractuels bloqués à Boudouaou

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Après huit jours de marche, les enseignants contractuels et vacataires ont été bloqués, hier, par un important dispositif des services de sécurité, au niveau de la ville de Boudouaou.

Après avoir passé la nuit dans cette ville, et après 200 KM de marche, ces protestataires ont été surpris par un impressionnant dispositif sécuritaire qui les a empêché de faire le moindre pas. Ils étaient des centaines d’enseignants contractuels, venant de différentes wilayas du pays, qui ont tenté de poursuivre leur périple vers Alger, mais les forces de l’ordre dépêchés sur place les en ont empêché. Les protestataires ont été obligés d’arrêter leur marche et de tenir, ainsi, un rassemblement devant le lycée Mohamed Gouigah de Boudouaou. La raison pour la quelle les enseignants contractuels ont opté pour la deuxième forme de protestation, qui est la grève de la faim. Encouragés par les gestes de solidarité et les marques de sympathie, notamment ceux émanant des citoyens, syndicats et parents d’élèves, ces enseignants semblent décidés à aller jusqu’au bout, en entamant, depuis hier, une grève de la faim, comme ultime action après l’épuisement de toutes les voies de recours. Assis à même le sol, sous un soleil de plomb, devant cet établissement scolaire, les enseignants contractuel et vacataires ont entonné des chants et scandaient des slogans, ayant trait à leur revendication, tout en tenant des pancartes sur lesquels est écrit : «L’intégration est un droit, notre objectif, soyons solidaires», et «Intégration sans concours et sans condition de tous les enseignants contractuels et vacataires». Ces derniers n’ont pas cessé également d’interpeler le président de la République et le Premier ministre. «Nous avons prouvé que notre mouvement était pacifiste depuis le lancement de l’initiative à Béjaïa et qu’il n’y avait aucune raison de nous bloquer ou de nous empêcher de manifester à Alger», nous a signifié le représentant des enseignants contractuels, M. Bachir Saidi. «Les enseignants étaient au courant de l’annonce de la valorisation de l’expérience professionnelle d’où le refus d’assister à la réunion, qui n’apporte, selon ses dires rien de nouveau par rapport à leur revendication qu’est l’intégration sans condition dans la Fonction publique et sans avoir à passer le concours». «Ils nous ont accordé les 6 points de l’expérience, mais il n’y a pas de postes dans plusieurs matières. On fera quoi avec les six points alors», s’est-il interrogé.

Le ministère tente toujours de désamorcer la crise

À noter que les délégués des enseignants contractuels ont refusé de rencontrer les représentants du ministère, qui veulent à travers cette rencontre exprimer « la volonté de la tutelle de prendre en charge ce dossier et rassurer ces protestataires sur les critères de justice et d’équité à tous les candidats au concours de recrutement ». Tout en réitérant la détermination du ministère à trouver une solution à ce problème, le chef du cabinet du ministère de l’Éducation, M. Guelil, a appelé les enseignants contractuels à « réintégrer leurs postes de travail et de s’inscrire au concours de recrutement, dont le délai sera clôturé très bientôt, afin de ne pas laisser passer cette opportunité ». le représentant de la tutelle a fait savoir également qu’une autre catégorie revendique le maintien du concours, citant les 496 000 candidats inscrits jusqu’à dimanche après-midi, ce qui prouve, a-t-il dit, « la crédibilité de cet examen ». Le ministère de l’Éducation nationale a rappelé dans le communiqué rendu publique hier, que « la réglementation et les lois de la fonction publique en vigueur interdisent le recrutement direct et sans concours. »Tout en rassurant les postulants pour le concours 2016 sur l’intégrité la transparence et l’équité il souligne que « les dispositions réglementaires confèrent à l’ordonnateur le droit à la rupture unilatérale et sans délais du contrat, si la pérennité de la scolarité est menacée, droit constitutionnel de l’élève et obligation statutaire de MEN ». Toutefois, « L’intégration sans condition dans la Fonction publique et sans avoir à passer le concours national de recrutement » demeure la principale revendication de cette catégorie de travailleurs. À l’heure où nous mettons sous presse, les enseignants contractuels campent toujours devant le lycée, et ce, jusqu’à ce qu’il y ait du concert.

Le Snapest se solidarise avec les enseignants contractuels

Le syndicat national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Snapest) a déploré le fait qu’ »au lieu de procéder au règlement définitif de la situation des enseignants contractuels, la tutelle a instruit les directeurs de l’éducation à préparer une novelle liste d’enseignants qui devraient remplacer ceux qui sont en grève de la faim ». Ce syndicat dénonce avec force cette procédure qui pourra, selon la même source, conduire le secteur vers le pourrissement. La preuve, a-t-il dit, « les enseignants veulent entreprendre des rassemblements de protestation et des grèves ouvertes en signe de solidarité avec les contractuels ». Le Snapest a, dans un communiqué rendu publique hier, apporté son soutien aux enseignants contractuels et met en garde les responsables concernés sur cette situation qui risque de conduire le secteur vers le pourrissement et les a appelé « à ne pas verser de l’huile sur le brasier en prenant des procédures qui pourraient influer négativement sur les examens du troisième trimestre ». Cette entité syndicale a appelé le ministère de tutelle et les pouvoirs publics à procéder à l’intégration directe de cette catégorie de travailleurs.

L.O.Challal

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