C’est le statu quo !

Partager

Ayant servi l’éducation depuis plusieurs années, les enseignants contractuels et vacataires, qui se sentent marginalisés et rejetés par le système de l’éducation, ont passé la nuit dehors dans le froid.

Ni la proposition d’une rencontre avec le chef de cabinet de la tutelle, ni la rencontre tenue avant-hier avec la ministre de l’Education n’ont pu absorber la colère de ce groupe de manifestants. Après avoir été empêchés de continuer leur périple vers Alger, les enseignants contractuels campent toujours devant le lycée Mohamed Gouigah de Boudouaou. Ils ont passé la nuit de lundi à mardi dehors, exposés au terrible froid qui a affaibli leurs corps, déjà épuisés par cette longue marche et la grève de la faim. Sous une pluie battante, les enseignants, assis à même le sol, dans un état lamentable et critique, tiennent toujours le coup pour atteindre leur objectif. Réclamant un recrutement effectif et rejetant l’accès au poste sur concours, ils lancent un appel au président de la République et au Premier ministre pour les rétablir dans leurs droits. Ces manifestants ne comptent en aucun cas quitter les lieux jusqu’à ce qu’il y ait une décision présidentielle qui, selon leurs dires, garantisse l’intégration de tous les enseignants contractuels dans leurs postes vacants. «Nous n’avons rien à perdre, l’intégration ou la mort», nous a signifié M. Bachir Saidi, coordinateur national des enseignants contractuels. «Nous sommes là pour exiger l’intégration et le respect de la dignité des enseignants», a-t-il lancé. «Ni la fatigue, ni le mauvais temps ne feront fléchir notre volonté. Nous sommes ici pour lutter pour notre dignité», a lancé Bachir Saidi, en s’adressant aux enseignants, dans le but de les encourager et leur remonter le moral. «Nous voulons juste travailler. Nous voulons garder nos postes de travail et que les années que nous avons accomplies ne soient pas gâchées», a-t-il ajouté. Selon lui, plusieurs syndicats du secteur organisent des rencontres en vue de réfléchir à une action de solidarité pour soutenir cette catégorie de travailleurs. Il a indiqué sur ce dernier point, que le Cnapest de Bouira, Béjaïa et Boumerdès ont enclenché hier une grève en signe de solidarité avec ces enseignants. Évoquant sa rencontre avec la ministre de l’Education qui a eu lieu lundi soir au niveau du ministère, M. Saidi dira : «Cette rencontre n’a rien apporté de nouveau». Pour sa part, Idir Achour, porte-parole du Conseil des lycées d’Algérie (CLA), se désolera de l’état dans lequel se retrouvent les enseignants contractuels : «C’est honteux !», s’exclamera-t-il avant d’ajouter : «Au-delà de notre revendication première qui est l’intégration, nous luttons pour un statut moral de l’enseignant qui doit être respecté en tant qu’éducateur des générations à venir», a-t-il ajouté.

Une commission mixte pour la prise en charge de leurs préoccupations

La ministre de l’Education nationale a reçu, pour la deuxième fois, les représentants des enseignants contractuels et vacataires au niveau de son département. Après un long débat qui a duré plus de trois heures, la première responsable du secteur a décidé de procéder à l’installation d’une commission mixte (conformément à ses engagements) pour régler, entre autres, les retards des salaires et de certaines primes. Et en effet, ladite commission mixte a été installée, lundi soir, au ministère de l’Education nationale pour prendre en charge les préoccupations des enseignants contractuels protestataires, notamment la régularisation des salaires et de certaines primes. Pour ce qui est de la principale revendication des contractuels qui est l’intégration sans condition, la ministre a rappelé l’impossibilité du recrutement direct, mettant toutefois en exergue, le nombre d’années d’expérience qui leur servira de bonification, a précisé le SG de la tutelle dans une déclaration à l’APS. Mme Benghebrit avait indiqué à ce propos, que «la décision de valorisation de l’expérience professionnelle des enseignants contractuels par bonification des points était un énorme effort consenti par la Fonction publique».

Le CLA veut amplifier la pression

Réuni le 4 avril dernier en session extraordinaire, le bureau national du conseil des lycées d’Algérie (CLA) dénonce «la politique des autorités, dont celle du ministère de tutelle qui campe sur ses positions devant la gravité de la situation qui risque de déraper et qui porte atteinte à la santé des enseignants grévistes de la faim». Ce syndicat dénonce le fait que la tutelle ne daigne pas entreprendre une décision courageuse pour éviter le pourrissement de la situation. Cependant, cette entité syndicale lance un appel à la solidarité à tous les enseignants du secteur de l’éducation pour maintenir et amplifier la pression entamée depuis la reprise du troisième trimestre, et ce, jusqu’à l’intégration sans condition de tous les enseignants contractuels et vacataires. Le CLA salue ainsi la forte mobilisation des enseignants contractuels pour revendiquer leur intégration sans condition et mettre fin à la précarité dans le secteur de l’éducation.

L.O.Challal

Partager