Bloqués par la force publique non loin de l’intersection de Ben Adjal depuis avant-hier lundi, après huit jours de marche vers la capitale à partir de Béjaïa, les enseignants contractuels refusent fermement de lâcher prise. «Nous entamons en masse une grève de la faim pour que la tutelle cesse, une bonne fois pour toute, ses atermoiements», a lancé hier avec colère une des contestataires, enseignante de langue et de littérature arabes dans un lycée de la périphérie de Béjaïa. Alignés à moins de 200m du lycée Mohamed Gouigah où ils avaient passé la nuit d’avant-hier, ces dizaines de protestataires ne cachaient pas leur colère et indignation. «Oublient-ils qu’ils ont affaire à des cadres pour nous proposer une fausse solution à notre problème, en parlant de bonification des années d’expérience avec un point pour chacune, après un concours de recrutement ?», lancera un des représentants du collectif d’enseignants grévistes. «Les responsables concernés jouent apparemment sur le temps pour tenter de nous épuiser à la longue», ajoutera-t-il encore, en précisant que leur détermination à poursuivre leur action pacifique est maintenant de plus en plus renforcée par le soutien de la société civile et de la classe politique. Signalons que des couvertures et des couettes en quantité suffisante ont été remises à ces enseignants protestataires par les riverains, lors de leur première nuitée dans l’internat du lycée sus mentionné. «Un geste majestueux de solidarité des citoyens, comme la visite que nous ont rendue des d’hommes politiques. Cela restera gravé dans nos cœurs», reconnaîtront nos interlocuteurs. Hier à 14h, c’était encore le statu quo, mais aucun signe de tension ne se lisait sur les visages des protestataires. Ces derniers ont tenu à rappeler que leur grève de la faim est une forme d’opposition aux surenchères des instances concernées. «L’opinion, maintenant, a bien compris que le calcul des années d’exercice dans le corps enseignant est non seulement une plaisanterie de mauvais goût, mais aussi, plus inquiétant, une manière de diviser nos rangs en tant qu’enseignants contractuels, en acceptant l’amélioration de la situation de certains d’entre nous au détriment d’autres», expliquera le délégué de Jijel. Bien qu’il exerce comme professeur de collège dans un hameau isolé de cette wilaya depuis plus de 5 ans, l’un des protestataire n’a pas encore obtenu son intégration à la fonction publique. La situation d’une enseignante d’informatique dans un lycée d’Annaba est elle encore plus dramatique. Elle est toujours sous contrat depuis 17 ans. C’est donc toujours un sous-emploi, d’autant qu’elle n’a bénéficié d’aucun avantage comme ces autres collègues, intégrés puis permanisés. N’est-il donc pas légitime pour cette masse d’enseignants de réclamer son droit à un poste d’emploi stable ? Si les autorités les avaient laissés entrer à Alger, ils auraient pris attache soit avec la première responsable du ministère de tutelle, Nouria Benghebrit, soit avec d’autres hauts responsables. A présent, ils demandent expressément au Premier ministre, Abdelmalek Sellal, de prendre une décision politique pour leur intégration, en tenant à rappeler que le chef du gouvernement était lui même intervenu en 2011 pour régler des problèmes similaires.
Salim Haddou