La saison printanière n’est pas encore à son terme, et pourtant, l’eau potable se fait déjà rare dans les robinets à Chemini. Bon nombre de villages appréhendent l’arrivée de la saison estivale où la consommation de cette source vitale monte crescendo.
Nonobstant le retour de la pluie ces dernières semaines, les villageois n’arrivent toujours pas à étancher leur soif. Les foyers sont alimentés parcimonieusement, en sus, d’une manière sporadique. «On n’est pas encore sortis de l’auberge !», fulmine un habitant d’Imâliouene. Le spectre des robinets à sec se fait ressentir avec acuité à l’arrivée de la saison des grandes chaleurs. La crise d’eau que connaît la commune de Chemini n’est pas prête de connaître son épilogue. Les 25 villages que regroupe cette localité vivent dans une pauvreté hydrique depuis des lustres sans que leurs souffrances ne soient assoupies. Les robinets sont presque à sec vu la faible ration allouée à chaque foyer, à raison de deux fois par semaine, de surcroit, les quantités récoltées sont loin de rendre le sourire aux ménages. Il est tout de même ahurissant que toute une localité soit réduite à consommer cet or bleu avec parcimonie. «Nous ne savons plus à quel saint se vouer. Les différentes actions de rue que nous avons enclenchées s’avèrent vaines. Les responsables locaux peinent à résoudre cet épineux problème qui n’a que trop duré. La population doit encore prendre son mal en patience pour avoir droit à quelques heures d’écoulement de ce précieux liquide dans les robinets. Certains ménages sont carrément au régime sec, puisqu’ils ne reçoivent plus de l’eau, alors que d’autres doivent patienter trois ou quatre jours avant l’arrivée d’un filet d’eau pour remplir quelques jerricans. Cela dure depuis des décennies, et on n’arrive toujours pas à trouver une solution et mettre fin aux souffrances des ménages. Selon certaines indiscrétions, l’eau qui est le produit de première nécessité est cependant la denrée qui manque le plus dans cette contrée, c’est pourquoi certains peuvent dire «alors que les uns et les autres se discutent la place à la présidence de la municipalité sans parler d’une quelconque amélioration de vie», reproche Massinissa, étudiant de son état. Il faut dire que la commune de Chemini est confrontée depuis plusieurs années à une grave crise d’alimentation en eau potable qui ne cesse de s’aggraver d’année en année, et ce, en raison notamment du faible débit des forages existants en contrebas de la commune éponyme, implantés à Takrietz, un village situé à 8 kms du chef-lieu communal. Il faut dire aussi qu’un nombre important de citoyens qui habitent les zones rurales profitent pleinement de ce précieux liquide et ne payent pas l’eau qu’ils consomment. L’accès à cette ressource vitale d’une manière illicite, porte un réel préjudice aux services de l’APC qui sont responsables de ce volet. Il est vrai que certains citoyens sont un peu gâtés en se raccordant illicitement à la conduite principale. C’est un secret de Polichinelle ! Ainsi, l’eau qui coule à flots des hauteurs de l’Akfadou ne profite pas, de prime abord, aux habitants de ces rudes montagnes qui se voient souvent contraints de louer des camions-citernes pour pallier au manque flagrant de cette source vitale. Les responsables locaux seraient de nouveau sous les feux de la rampe, pour ne pas dire l’ire des villageois qui bouillonnent de colère et qui ne se retiennent pas de crier leur ras-le-bol. On se souvient des différentes actions de protestation de l’année dernière, quelquefois musclées, des comités de village pour dénoncer le mépris des pouvoirs publics qui sont incapables de solutionner, une bonne fois pour toutes, ce récurrent problème de pénuries d’eau dans les différents patelins de la commune en question. «Mais diantre, pour quelle raison nos villages souffrent des pénuries alors que les communes limitrophes ne connaissent pas ce stade de disette hydrique», balance un villageois. En tout état de cause, c’est un véritable plan Marshall que devront entreprendre les pouvoirs publics pour endiguer cet itératif problème d’alimentation en eau potable dans ces villages perchés sur les collines et montagnes de cette partie de la Kabylie où les conditions de vie sont déjà trop dures.
Bachir Djaider