La conférence de l’écrivain-journaliste algérien Amine Zaoui, la journée de mardi à l’université de Tizi-Ouzou, a été sanctionnée par un débat auteur de l’extrémisme religieux et l’acceptation de l’Autre. En effet, beaucoup d’interventions se sont focalisées dans la partie débat de la rencontre sur les thèmes de la religion et de la diversité des thèmes ayant caractérisé à un moment la communication de Amine Zaoui. Le conférencier, abordant la diversité ou l’acceptation de l’Autre, a mis en avant son roman «Le dernier juif de Tamentit». Tamentit est une région située au centre de la wilaya d’Adrar au Sud de l’Algérie. Une région qu’on trouve dans le roman où Amine Zaoui raconte une histoire basée sur une réalité vécue rassemblant deux cultures- judéo-musulmane-, issues toutes les deux de la religion abrahamique. «C’est une culture», dira le conférencier, «qui s’est produite de la coexistence durant une dizaine de siècles des deux cultures». Développant le thème à travers son roman, Amine Zaoui dit : «je refuse de dire tolérer l’autre, il faut plutôt l’accepter. L’intolérance et l’exclusion de l’autre est à l’origine d’une malédiction que les générations héritent les unes aux autres». Une vision qui a été critiquée par l’assistance, comme de la part de cette enseignante du département de lettres arabe. «Je suis d’accord. J’accepte l’Autre chez moi, mais s’il essaye de faire sa loi, à ce moment, je dois le chasser», dira l’intervenante, avant d’ajouter : «accepter l’Autre, parfois, n’est autre chose qu’une erreur que nos enfants ne nous pardonneront jamais». Un autre face à face, par ailleurs, avait caractérisé aussi le sujet de l’extrémisme religieux abordé par Amine Zaoui. «Lorsque j’ai publié mon roman intitulé «Le huitième ciel», des extrémistes religieux achetaient le roman rien que pour le bruler publiquement. Et cela, parce qu’ils pensaient que j’ai dépassé les limites puisque j’ai ajouté dans mon œuvre fictive un autre ciel aux sept cités dans le texte religieux musulman», dira le conférencier. La même intervenante, quant au point de la diversité a affronté Amine Zaoui en lui posant une question, cette fois-ci : «le lecteur a le droit de comprendre à travers «Le huitième ciel» que vous êtes moqueur du message du prophète, et puis vous, quel est votre objectif derrière un titre pareil ?». À noter, par ailleurs, que l’assistance composée essentiellement des étudiants de la faculté des lettres et des langues ainsi que de leurs professeurs, a pris part au débat en applaudissant des fois le conférencier, et, d’autres fois, les intervenants. Comme dans ses romans, dans sa conférence, Amine Zaoui a abordé la femme. «J’avais la chance d’être élevé au milieu de septe sœurs. Beaucoup ne connaissent pas la valeur de la femme, ce que j’essaye toujours de mettre en avant dans mes romans», dira-t-il. Outre les thèmes de l’extrémisme religieux, la diversité et la femme, Amine Zaoui s’est exprimé quant à sa vision de l’écriture romanesque : «l’écriture romanesque est la sœur jumelle de la liberté». Il dit aussi, à cet effet, que : «quelqu’un qui a des peurs des commissariats ou des mosquées ne peut s’engager dans un projet d’écriture romanesque, car ce projet est la liberté elle-même». Le conférencier auprès de plusieurs universités du monde, Tunis, France, entre autres, disait qu’ «un romancier est pour son lecteur ce qu’est l’enseignant pour son élève. Autrement dit, l’écrivain doit être l’œil de sa société». Il est à souligner qu’une présentation de l’auteur, Amine Zaoui, avait été faite avant l’entame de la conférence à l’auditorium de Hasnaoua par l’un des étudiants du département de français qui ont organisé la rencontre.
Noureddine Tidjedam
