À l’approche de la commémoration du 36e anniversaire du 20 avril 1980, l’association Soummam éco-culture de Sidi-Aïch a visé grand en invitant une personnalité de taille, l’inlassable militant des droits de l’homme, Maître Ali Yahia Abdenour. Au même titre, le caricaturiste Ghilas Ainouche, enfant de la région, a exposé ses œuvres dans le hall de l’ex-salle de cinéma. Enchainant tournée sur tournée, l’avocat aux 95 berges affiche une volonté impassible, et ce, dans l’espoir d’éveiller les consciences et d’apporter tous les éclaircissements possibles quant à l’histoire de l’Algérie et celle de l’Algérie en devenir. La salle des fêtes Youcef Abdjaoui de Sidi-Aïch a abrité dans l’après-midi d’avant-hier samedi, une conférence-débat animée par le «témoin du siècle», M. Ali Yahia Abdennour. La salle était pleine à craquer de monde, venu en masse pour s’abreuver de l’un des rares témoins de la révolution à sillonner les villes pour apporter son témoignage et vider de facto sa besace, pleine à ras bord. Dans le cadre de la promotion de son livre sur la «Crise Berbériste de 1949», le doyen des avocats a eu à s’exprimer sur divers sujets. C’est un regard et un témoignage complètement différents et, surtout, décomplexés, que M. Ali Yahia Abdennour apporte sur la crise qui a secoué le mouvement national algérien durant les années 40. Les incidences de la crise anti-berbériste de 1949 ont façonné une démarche politique qui allait ouvrir la voie à toutes sortes de manipulations et de déni. D’emblée, le conférencier évoque à l’assistance les vertus de cette partie de la vallée de la Soummam ayant enfanté des hommes et des femmes exceptionnels. «En 1948, j’ai eu l’immense plaisir de fouler le sol de cette valeureuse région. Nous sommes venus à pied de Tizi-Ouzou jusqu’à cette localité pour des élections devant se tenir à cette époque», se remémore l’ancien moudjahid. De prime abord, le militant des droits de l’homme enchaine vérité sur vérité quant à l’histoire de l’Algérie d’avant le déclenchement de guerre de libération. L’invité de Sidi-Aïch se rappelle de tous les personnages et de tous les événements qui ont procédé puis succédé à la purge opérée dans les rangs des militants de l’amazighité. «L’Algérie algérienne, l’Algérie n’est pas arabe», dixit l’ex-ministre au temps de Boumediene. Les monuments du mouvement national et du mouvement amazigh sont passés en revue par le conférencier ayant cité des hommes de la trempe Ouali Bennai, Amar Ould Hammouda, Ali Laïmèche, M’barek Aït Menguelet, Rachid Ali Yahia… M. Ali Yahia n’est pas allé par le dos de la cuillère pour effilocher, dans le détail, la crise anti-berbériste de 1949. «La crise anti-berbériste de 1949, qui a privé les Algériens de leur algérianité avait pour objectif de détruire l’attachement viscéral du peuple algérien à ses racines. La Kabylie a payé un lourd tribut à la guerre d’Algérie. Cette partie de l’Algérie a offert ses valeureux hommes et femmes, tant en quantité qu’en qualité», rappelle Dda Abdenour. «La révolution algérienne n’appartient pas à ceux qu’ils l’ont déclenché mais à ceux qui l’ont terminé. Ces derniers sont devenus les maitres des céans», enchaine le conférencier. «L’héritage de vos parents vous ne l’aurez que si vous le méritez», fait-il référence à une citation d’un philosophe allemand pour rappeler que seul le mérite doit triompher. Cette rencontre avec l’un des pionniers des droits de l’homme en Algérie s’est terminée par une vente-dédicace au grand bonheur de l’assistance ayant bu les paroles de ce grand monsieur.
Bachir Djaider