Si faut attendre au moins sept heures du matin pour que la ville s’éveille et commence à bouger, il n’en demeure pas moins que ses premières palpitations commencent toujours à l’aube, bien avant le premier appel à la prière du muezzin. En effet, c’est pratiquement durant toute l’année que le début de la vie dans l’agglomération est dicté par la rotation de la terre autour du soleil et non par des heures fixes. «La vie de la cité de Draâ El-Mizan, notamment sur son principal axe routier qui est la convergence des RN25, 30 et 68 qui mène vers le Sud de la wilaya par l’entremise de Bouira, commence à s’animer juste à l’aurore qui peu être six heures en hiver ou trois heures du matin en été», nous confie Aami Slimane, un retraité qui est toujours au rendez-vous pour la première prière de la journée. Ainsi, Aami Slimane, retraité mais toujours en bonne santé et en très bonne forme, a tout son temps pour observer ce qui se passe autour de lui. «On dit souvent que les algériens ne travaillent pas et cela n’est pas vrai. Car ceux qui osent le dire sont les pires fainéants qui vivent au crochet de leurs familles», dira notre interlocuteur tout en nous tenons d’abord comme témoin de cette première activité. Aussi, Aami Slimane ne va pas loin pour nous citer le premier exemple de ces bosseurs infatigables qui sont les distributeurs de la presse. «Les journaux arrivent des imprimeries d’Alger à l’aube, donc, sans citer tous les travailleurs de ces imprimeries qui ont travaillé la nuit, il y a ces distributeurs et ces convoyeurs qui ont roulé en pleine nuit avec tous les dangers, pour arriver jusqu’ici et ailleurs», dira Aami Slimane avant de reprendre pour citer les transporteurs de voyeurs par bus ou par taxi. «Allez-y aux différentes stations, vous trouverez, bien avant l’aube, des véhicules stationnés attendant les premiers clients qui ne se présenteront qu’à partir de sept heures du matin», dira notre interlocuteur qui enchainera sur les cafetiers. «Tous les cafetiers du boulevard traversant la ville sont ouverts bien avant le premier appel à la prière, en ayant sur leurs comptoirs toutes sortes de gâteaux faits maison, aux côtés des croissants et autres gâteaux des pâtissiers», dira notre interlocuteur qui aura une pensée pour toutes ces femmes, dans leurs foyers qui, pour aider leur mari ou subvenir aux besoins de leurs progénitures, doivent travailler toute la nuit pour préparer du pain, des gâteaux qu’elles enverront dans les différents cafés. Il en va de même pour le tunisien de la ville qui doit être toujours à son poste, devant sa grande poêle d’huile chaude pour servir ses fidèles clients en leur servant des beignets bien chauds et du thé alors qu’il doit également faire face à la demande des cafetiers ou à de grosses commandes. «Je dois préparer la pâte au moins deux ou trois heures avant l’aube, car la préparation des beignets doit se faire devant les fidèles», nous confiera Lahbib, le tunisien qui sera libre à partir de neuf heures. Dans toute cette ruche ou cette fourmilière qui commence à s’activer, Aami Slimane n’oublie pas ce grand camion frigorifique dont le seul passage fait vibrer les vitres des maisons avoisinantes qu’on surnomme «La vache de Draâ Ben Khedda» et qui n’est autre que le distributeur de lait.
Essaid Mouas