Amnay Ubizar, un patrimoine symbolique

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Créée en 1991, un moment d’effervescence et troublant de l’histoire de l’Algérie contemporaine, l’ère de l’ouverture démocratique et du multipartisme en ce pays, l’association Amnay Ubizar (Le cavalier d’Abizar) active désormais dans un cadre culturel. Abizar, ce village perché dans l’extrême Nord-ouest de la localité de Timizart, est célèbre justement par ce nom Amnay Ubizar qui est naturellement le nom d’une stèle d’environ un mètre de diamètre, représentant un cavalier, portant une barbe pointue et exhibant un bouclier, un javelot et un anneau. Lors d’une conférence-débat, Younes Adli indique que la présence de cet anneau sur cette stèle symbolise la passation de pouvoir de père en fils. C’est en 1858 que celle-ci a été découverte dans ce village de Kabylie par Henry Aucapitaine (1832-1867), dit le baron Aucapitaine, sous-lieutenant de l’Armée d’Afrique chargé des affaires indigènes. Ce militaire français, promu lieutenant peu avant sa mort, a réservé une partie non négligeable de ses travaux à l’étude de la Kabylie où il découvre notamment le bas-relief d’Abizar témoignant d’une antique écriture berbère, comme les caractères libyco-berbères (tifinagh) apparents en haut et à gauche de la stèle portant le nom de ce village. En 1861, le Duc de Malakoff, Aimable Pélissier, alors gouverneur général de l’Algérie, les fit transporter au musée national des antiquités et des arts islamiques, où elles sont toujours exposées, à Alger, outre Amany Ubizar, quatre autres stèles identiques se retrouvant dans le bassin du Sébaou vers 2000 av. J.-C. Sinon, au moins cinq présidents se sont succédés à la tête de l’association qui porte le nom Amnay Ubizar. Le trait commun entre eux est que tous sont issus du même village, c’est le fait que chacun parmi eux incarne la symbolique que porte le terme kabyle Amnay ; ils sont «toujours prêts à tout». Durant les moments d’effervescence, tout comme pendant les événements et les commémorations de circonstances, ils sont constamment à l’avant-garde. Les éléments de l’association Amnay Ubizar participent activement dans la majorité des activités à caractère lucratif organisées au village. Ils ne ménagent aucun effort pour apporter, par exemple, secours aux nécessiteux. Aussi, ils organisent des tournois de football au profit des jeunes des différents quartiers du village, comme ils ne loupent également pas la célébration des dates historiques et celles inscrites dans l’agenda culturel berbère. Ils animent en sus des soirées ramadhanesques des cérémonies de circoncision, etc. Les membres de l’association en question accompagnent ainsi la scolarité des écoliers de leur village, surtout ceux qui passent les examens de fin de cycles d’études (tous paliers compris). Et pour encourager les meilleurs parmi ces élèves à aller de l’avant dans leur parcours scolaire, les membres de l’association organisent en leur honneur des cérémonies et les récompensent en leur offrant des cadeaux. L’association culturelle Amnay Ubizar dispose d’un semblant de siège déduit de l’ancienne antenne de mairie du village. Un petit espace faisant office de lieu de rencontre, notamment des membres du bureau exécutif. Les lieux sont tellement exigus que les rencontres importantes se tiennent au sein de la cantine de l’école primaire d’Amies. Tout en reconnaissant les efforts fournis jusque-là par l’APC de Timizart qui prête main forte à Amnay Ubizar, M. Tidjedam, nouveau président de ladite association, émet le vœu de procéder à l’ouverture officielle du foyer de jeunes d’Azrou, du côté Sud-ouest d’Abizar, dont les travaux de réalisation sont pourtant achevés. «L’inauguration de cette nouvelle structure, précise notre interlocuteur, nous aidera énormément à maintenir l’élan et multiplier les actions culturelles au sein du village.» À rappeler, par ailleurs, que lors de son passage dans la région, à l’occasion de la commémoration du nouvel an berbère 2963 (en 2013), l’ex-P/APW de Tizi-Ouzou, actuellement sénateur, M. Hocine Haroun, avait promis l’inscription pour la municipalité de Timizart d’un centre culturel pour permettre au tissu local un cadre idéal pour l’émancipation et l’essor du mouvement associatif dans la région. De son côté le représentant de la direction de la jeunesse et des sports (DJS), accompagnant l’ex-P/APW par la même occasion, avait promis pompeusement un complexe sportif pour le village d’Abizar. La population locale attend toujours les deux projets d’utilité publique promis par les deux responsables.

Djemaa Timzouert

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