Saïd Khellil raconte le printemps berbère

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L’ancien acteur du mouvement d’Avril 1980, M. Saïd Khellil, a animé hier, une conférence-débat à l’université Akli Mohand Oulhadj de Bouira, sous le thème «Chronologie du mouvement d’Avril 80», à l’initiative du comité autonome du département de Tamazight. Ainsi, c’est devant une assistance assez nombreuse, composée essentiellement d’étudiants, d’enseignants de l’université mais aussi de journalistes et d’élus locaux, que l’ancien secrétaire général du FFS est revenu sur la genèse des évènements douloureux d’Avril 1980. Pour l’intervenant, le cursus de formation pédagogique entamé des années auparavant par feu Mouloud Mammeri, a constitué la pièce motrice de ce mouvement. M. Said Khellil n’a pas omis, également, de mentionner la contribution de feu Ali Mécili, l’ancien porte-parole du FFS, qui, selon lui, a transmis à la majorité des leaders du mouvement, le savoir-faire politique ainsi que celui organisationnel. Lors de son exposé l’hôte de Bouira a déclaré que le mouvement d’avril 1980 a réussi à «introduire l’âme de revendication chez les citoyens de la Kabylie». Pour lui, «les étudiants ont fait preuve de beaucoup de courage et ont réussi à défier l’interdit. Le mouvement d’avril 80 était avant tout le premier mouvement de lutte et de revendication pour les libertés démocratiques en Algérie, et ce, malgré toute la répression et la propagande dont nous étions victimes à cette époque précise. Ce même mouvement a constitué également une lancée pour la revendication identitaire en Algérie, et c’est à partir de cette date qu’on a commencé à réfléchir pour l’organisation de nos revendications, chose qui a été faite juste après notre sortie de prison en juin 1980 en rédigeant la plate-forme d’Iakouren». L’ancien du mouvement culturel berbère (MCB) a insisté par ailleurs, sur le maintien du processus de lutte pacifique et d’éliminer toute forme d’extrémisme ou de violence : «Nous ne devons pas reproduire les erreurs du passé. Nous devrions réunir nos forces, et ce, afin d’atteindre les objectifs de nos ainés, à savoir l’instauration d’un système politique démocratique en Algérie». M. Saïd Khellil s’est exprimé également sur la récente introduction de la langue amazighe dans la constitution. Pour lui, il s’agit d’un «acquis très cher que tous les Algériens devront assumer». Il insistera, cependant, sur la nécessité de «poursuivre les luttes démocratiques et identitaires, et ce, jusqu’à l’aboutissement de toutes les revendications identitaires. Aujourd’hui, il est plus qu’urgent de mettre en place un processus pédagogique et pratique, pour l’introduction de Tamazight dans le système éducatif et administratif national». Interrogé par l’un des étudiants à propos de l’idée «de l’Independence de la Kabylie», l’ancien détenu d’Avril 80 s’est exprimé contre cette idée. Pour lui, l’Algérie doit régler par des moyens pacifiques ses problèmes sociaux et politiques. «Il existe des solutions à nos problèmes politiques. À commencer par ce qu’on a proposé depuis plusieurs années, à savoir l’Etat fédéral et la décentralisation administrative ou politique. Actuellement, je peux dire que je garde toujours espoir en notre jeunesse, qui peut conduire l’Algérie vers un avenir meilleur et la sortir de cette situation dangereuse», a-t-il martelé.

O. K.

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