Lors de notre visite à la cité des jeunes filles de Boukhalfa, à quelques kilomètres à l’Est de Tizi-Ouzou, et le sentiment que les jeunes étudiantes étaient abandonnées à leur triste sort et le malaise qui s’entend au quatre coins de l’université Mouloud Mammeri, se sont malheureusement confirmés.
En effet, dans cette enceinte universitaire, l’état des lieux est tout bonnement chaotique. Dès le début, on s’aperçoit déjà que la cité ne dispose pas d’une ambulance. «Elle est en panne», nous dit-on. Le signe indien s’annonce, on s’engouffre dans le bloc abritant le cabinet médical, dentaire et l’infirmerie. Le manque de moyens est criant. Le personnel de toute la cité n’est pas pris en charge médicalement par le CHU, notamment pour certaines analyses. L’exigüité et la vétusté de l’infrastructure ne sont pas à démontrer. Dans ce bloc, on retrouve aussi le bureau de l’hébergement. Le mobilier est usé les sols et les murs nécessitent des revêtements. La climatisation est aussi non fonctionnelle. À la cuisine qui sert quotidiennement environ 2000 repas, c’est le chaos et le manque flagrant d’hygiène qui vous saisissent. Une seule chambre froide où sont stockés les viandes, le poisson, les œufs, les fruits et les produits laitiers, alors qu’il en faut au moins trois. La cuisine est à réformer ! La batterie de cuisine est hors usage, son installation remonte à 1988, soit près de 30 ans. C’est ce que les employés nous ont déclaré. Les repas sont alors préparés dans de grande braisières, elles aussi assez usées. Les fours et les sauteuses sont tous inopérants, à jeter ! L’état de l’infrastructure nécessite en urgence des travaux de réhabilitation. Concernant les chambres des étudiantes, la seule satisfaction vient des sanitaires et des salles d’eau. Dans l’une des chambres que l’on a pu visiter, on constate la présence d’une résistance électrique et des ustensiles de cuisine. Une des occupante n’hésitera pas à reconnaître malgré la présence d’un responsable : «Parfois on nous sert une nourriture immangeable, alors nous préférons cuisiner nous-mêmes. Toutes les chambres des jeunes filles sont pareilles. Même l’eau des robinets est impropre à la consommation et l’ADE nous a demandé de ne pas la boire». Il nous a été aussi signalé l’absence totale d’activités culturelles et sportives, car aucun bloc socio-culturel n’est disponible. Quand une activité est organisée, les jeunes filles utilisent le réfectoire. Pour ce qui est de la salle des machines, elle est tout bonnement fermée. Les infiltrations des eaux pluviales depuis le 4ème étage traversant tous les niveaux en sont la cause. En quittant la cité un groupe de jeunes étudiantes nous ont demandé : «Nous sommes livrées à une situation dramatique, s’il vous plait rapportez la vérité» !
À la cité des garçons le constat est pire
Non loin de la cité des filles, vient la cité des garçons qui abritent 1460 étudiants et 80 employés. La cité est plus importante mais son état est plus dégradé. La satisfaction vient des chambres froides au nombre de trois. Les viandes, les fruits et les légumes ainsi que les produits laitiers sont stockés chacun dans une chambre. Les équipements de la cuisine sont aussi dans un état meilleur. L’hygiène, quant à lui, est le grand absent. Au menu de la journée, des pommes de terre sautées, de la salade verte, du pâté et de l’orange au dessert. Un groupe d’étudiants attablés ont dit d’une seule et unique voix : «Aujourd’hui la nourriture est mangeable. Il parait qu’ils sont au courant de votre passage. Les conditions d’hébergement et de restauration sont catastrophiques. La chaine dure plus de 2 heures, la nourriture est immangeable, les extras entrent jusque dans la cuisine, le service à la tête du client et le favoritisme sont monnaie courante, l’eau est impropre à la consommation et l’hygiène manque. Nous appelons les responsables concernés à renforcer le control et à mettre le paquet pour améliorer le cadre de vie général dans la cité». Signalons qu’au niveau de cette cité résidentielle, 5 blocs de 59 chambres chacun sont fermés pour les besoin de travaux de réhabilitation depuis 2013. Les travaux ne sont pas lancés. La réfection de la chaudière lancée depuis 2013 par la DLEP sont à l’arrêt. Au bloc H que nous avons visité c’est dramatique. Les ordures jonchent les moindres recoins, des chambres complètement saccagées, des chiens et chats errants y ont élu domicile, les sanitaires en piteux état et j’en passe. Comment ose-t-on faire résider de jeunes étudiants dans une telle situation. Une situation à laquelle nous ne trouvons pas de qualifiant fiable. Il est plus que jamais temps de remédier à cette mauvaise posture dans laquelle se trouvent les deux cités de Boukhalfa. Il est à rappeler que l’APW de Tizi-Ouzou prévoit une session extraordinaire pour justement se pencher sur le dossier de l’université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou. Les élus de l’assemblée auront fort à dire.
Hocine T.