Il y a 36 ans, la conférence qui devait porter sur «Poèmes kabyles anciens» et qui devait être tenue par Mouloud Mammeri à l’université de Tizi-Ouzou, a été interdite par l’État algérien.
Il s’agit de l’élément déclencheur de ce qui est connu aujourd’hui par le «Printemps berbère», par rapport aux évènements qui se sont produits après l’interdiction de la conférence. Des étudiants de l’université de Tizi-Ouzou, contre la violation de la liberté d’expression, ont été réprimés par les forces de l’ordre algériennes. Depuis, la date du 20 avril est devenue une date régionale symbolisant la lutte pour l’identité la culture et la langue berbères. En effet, des associations culturelles au niveau des villages ainsi qu’au niveau des universités, des institutions culturelles étatiques, telle la Maison de la culture de Tizi-Ouzou portant le nom de Mouloud Mammeri, célèbrent annuellement cette date. À l’université de Tizi-Ouzou, en plus des galas artistiques qui sont programmés par des comités autonomes de différents départements, l’association culturelle Mouloud Mammeri a mis au menu une exposition de robes kabyles, de ventes dédicaces ainsi que des conférences organisées. Des associations au niveau des villages ont consacré une semaine culturelle. Le cas de l’association culturelle Igawawen activant à Larbâa Nath Irathen. Les membres de cette association ont programmé plusieurs activités tout au long de la semaine. Des expositions, du théâtre… etc. Et deux conférenciers, Rachid Ali Yahia et Saïd Bamoun en l’occurrence, sont programmés. Du côté des Ath Jennadh, l’association culturelle d’Adrar Nath Koudhia a aussi mis un programme riche d’activités, entre autres, théâtre, exposition, conférence. Dans les cités universitaires également, des conférences animées par des détenus d’avril 1980 étaient au menu. C’est le cas de la cité universitaire Hasnaoua, où il s’est produit, hier soir, le maitre Sahab. En effet, des conférenciers dont le caractère commun est la lutte pour la culture, la langue et l’identité berbères, se sont produits dans des villages et dans des universités. Saïd Sadi a été la semaine passée, à la Maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou où il a animé une conférence, lui et Hamid Lounaouci. À Ouaguenoune, le Salon du livre s’organisant annuellement à Boudjimaa, coïncide avec le printemps berbère. En fait, c’est un salon riche en activités. Beaucoup d’écrivains y seront présents, beaucoup d’animations et beaucoup de livres aussi. Sinon, il faut dire que le Salon du livre de Boudjimaa est un salon qui commence à prendre une dimension nationale. Aujourd’hui, la célébration du Printemps berbère est animée par les acteurs des évènements du 20 avril 1980. La majorité de ces acteurs, entre autres Ali Yahia Abdenour, Abbout Arezki, Fali Ahmed, Oussalem Mohand Ouamar, Hamid Lounaouci, se sont produits aujourd’hui à l’auditorium de Hasnaoua, où chacun avait donné son mot quant au combat pour l’identité berbère. Il faut retenir, par ailleurs, que l’origine du 20 avril est l’interdiction par l’État de la conférence de Mouloud Mammeri qui devait porter sur «Poèmes kabyles anciens», un des ouvrages de l’écrivain kabyle. D’où le questionnement : Est-ce que la liberté d’expression est née après ou c’est la force du mot qui cherche encore les siens ?
Noureddine Tidjedam