Jusqu’à il n’y a pas très longtemps, l’université a, un tant soi peu, agi positivement sur son environnement externe et, a, quelques fois, réussi à en corriger les travers. Aujourd’hui, nous assistons à une forme de dépravation du campus. Ce n’est plus lui qui «agit» sur la société mais c’est à l’inverse que nous assistons, sans que personne ne semble s’en inquiéter. Ce qui arrive à l’université Akli Mohand Oulhadj de Bouira est la preuve «violente» de cette inversion des rôles. Une violence récurrente s’y est incrustée au vu et au su de tous. Hier encore, des barbouzes se reconnaissant dans des organisations estudiantines, plus ou moins affiliées à des partis politiques, ont violenté leurs camarades qui avaient répondu au mot d’ordre de grève initié par l’organisation des étudiants libres (voir notre édition d’hier). Pour rappel, les étudiants en grève protestent justement contre l’agression d’un étudiant, lors des festivités du Printemps berbère. La victime en question, dénonce-t-on, a été agressée par un «autre étudiant». Il se trouve que «cet autre étudiant» est aussi fonctionnaire à l’université où il est chargé de la sécurité. Même si ce cumul est suspect jusque-là l’on peut considérer la chose «normale». Seulement, le chargé de sécurité en question est aussi, dénoncent les étudiants, un élément incontournable de l’organisation UGEL, cette organisation omnipotente qui a la mainmise sur tout. Là ça devient franchement anormal ! Et du coup, l’on comprend les motivations, les vraies, de l’agresseur. En effet, il devient clair que l’organisation omnipotente refuse toute concurrence sur ce qu’elle considère comme son territoire exclusif. Il se trouve justement que les Etudiants Libres commencent à intéresser par leur idéal de liberté et, surtout, par l’absence de fil «partisans à leurs pattes». Dans tout ce désordre jonché de violences, seules l’implication et la rigueur de l’autorité universitaire peut rétablir l’ordre, à moins que cette autorité se plaise dans le laxisme. L’autre violence qui a failli dégénérer est imputable à des policiers censés protéger et combattre les violences. Ceci s’est passé dans la commune d’El Asnam (voir notre édition d’hier). Après avoir pris conscience de la bavure, le chef de sûreté de wilaya a, dans un premier réflexe, défendu ses éléments, en se basant sur le rapport qui lui aurait été adressé et qui présente la victime comme un «agresseur en état d’ébriété». Quoiqu’il en soit et quand bien même le citoyen en question aurait été dans un état d’ébriété et aurait agressé un policier, le passage à tabac qu’il a subi est injustifiable et est condamnable. Le non-respect du fameux slogan «chourta fi xidmet el mouwaten (la police au service du citoyen)» a failli plonger toute une région dans des émeutes dont on ne saurait mesurer les dégâts. Là aussi, l’implication au plus vite de la rigueur de l’autorité est attendue.
T.O.A.