À chacun sa passion. Mohamed Belkacemi, ce natif du village Thala Mokrane à Tizi-Gheniff, est un mordu de pièces archéologiques.
D’ailleurs, le territoire de Tazrout Aouaoudha, où il y a des rochers contenant des mystères non encore élucidés jusqu’au jour d’aujourd’hui, et tous les alentours c’est-à-dire à El Barda, à Varar, est son terrain de prédilection. Dans une virée chez lui, il nous a fait découvrir son petit » trésor ». C’est sur une longue table qu’il rangea l’une à côté de l’autre des dizaines de pierres extraites dans les rochers. » Tout d’abord, je vous confierai que je ne suis pas destiné à cette mission parce que je n’ai aucune connaissance dans le domaine de l’anthropologie, ni encore moins dans celui de géologie. Ce ne sont que de petites bribes dont je me souviens des cours de sciences naturelles reçues au collège à ce sujet. Mais, mon histoire avec ces pierres remonte à près de vingt ans. J’étais au service national en 1997 à Ain Sefra. J’ai trouvé une petite pierre qui m’a plu et qui est devenue avec le temps mon objet le plus préféré. Elle était comme mon ami fidèle. Malheureusement, avant de prendre la quille, je l’ai perdue. J’ai vraiment souffert de ce manque. On dirait que c’est une séparation avec une personne très chère. À mon retour au village, j’ai décidé alors d’aller dans les champs et dans les reliefs rocailleux situés non loin de mon village à la recherche de petites pierres qui me consoleraient. Et c’est comme cela que mon aventure a commencé. Maintenant, je ne peux plus me séparer de ces objets que vous voyez ici », nous racontera notre interlocuteur. En effet, c’est avec des outils rudimentaires que ce passionné de fossiles enrichit quotidiennement son » butin ». Sur la table, il y a certaines d’entre elles sur lesquelles on distingue des empreintes d’escargots marins, d’autres des étoiles de mer et sur d’autres ce sont des empreintes en forme de marguerite qu’on peut y voir. Vraiment, c’est très étonnant d’observer tous ces petits cailloux. » Je ne suis pas vraiment un spécialiste. C’est pourquoi je n’arrive pas à les dater et même à leur donner des noms. Il faudrait peut-être qu’un archéologue soit associé à mes petites recherches », estimera-t-il. D’ailleurs, notre interlocuteur restera longtemps perplexe quand nous lui poserons des questions pour nous donner des explications au sujet des empreintes laissées sur ces pierres par des animaux marins. » Peut-être, il y a des milliards d’années, la mer serait passée par là », supposera-t-il. En tout cas, c’est un mystère qui plane encore sur ces découvertes. Jusqu’au milieu des années 80, un professeur français de sciences naturelles au CEM Ourzedine Achour de la ville de Tizi-Gheniff, qui durant toute sa carrière d’enseignant dans cet établissement, s’était intéressé à ce genre de recherches et il avait lui aussi constitué un musée où il entreposait des objets comme ceux-ci. Avec le temps, rien n’est sauvegardé de ce qu’avait légué cet enseignant à l’établissement. Dans ces discussions avec ses élèves et son entourage, M. Brunel car c’est de lui qu’il s’agit, avait, lui aussi, émis cette hypothèse, c’est-à-dire la mer serait passée par là sinon comment ces mollusques auraient-ils laissé leurs traces encore visibles sur ces bouts de pierres. En plus de cette passion, M. Belkacemi en a une autre. Il nous dira qu’il avait conservé des objets anciens qu’il pense un jour exposer dans une pièce qu’il aménagera tout près de la maison familiale. D’ailleurs, en exclusivité il nous a montré quelques objets anciens dont des outils utilisés par les agriculteurs. » J’ai même une robe en laine datant du 18° siècle », nous confiera-t-il. Avant de le quitter, il lancera un appel à toute personne ou à toute institution qui pourrait lui venir en aide afin de mettre en valeur ce » trésor » en organisant des expositions. M. Belkacemi souhaitera, par ailleurs, que les responsables concernés iront le voir à l’occasion de la célébration du mois du patrimoine.
Amar Ouramdane