«La magie n’est pas de la sorcellerie»

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LDK : Qui est Aziz et comment est-il venu dans le monde de la magie ?Mon vrai nom est Abderrahim, natif de Sidi Aïch. Je suis retraité et ex-directeur d’une entreprise. J’ai découvert la magie à 15 ans et depuis je ne m’en suis plus séparé. A cette époque, j’avais un voisin espagnol magicien. Je l’ai accompagné et il m’a appris quelques tours. J’ai suivi ensuite des cours de magie par correspondance et je lisais tous les bouquins traitant de la magie qui me tombaient entre les mains. A la télé, j’adorais regarder les spectacles de magie. En 1970, à l’âge de 17 ans, je suis monté pour la première fois sur scène. J’ai rejoint les rangs de la J-FLN (anciens scouts) et j’en ai profité pour avoir un local pour mes entraînements. En 1974, j’ai participé au Festival maghrébin de magie où j’ai décroché le 3e prix. A partir de là, moi et des amis avons créé l’association AMI (Association des magiciens illusionnistes) qui n’a hélas pas trop duré pour de multiples raisons. Parmi mes amis, nombre de grands magiciens sont à l’étranger. Moi je suis resté en Algérie par amour de mon pays et surtout de mon village. Mes seules sorties à l’étranger ont été dans le cadre de mes représentations. Parmi les pays où je me suis produit, je cite : la France, l’Espagne, la Tunisie, le Maroc. Actuellement, je fais des tournées dans les écoles de certaines wilayas d’Algérie, comme Béjaia, Tizi Ouzou, Boumerdes, Sétif et Batna. En dehors des écoles, je fais également de l’animation avec de grands chanteurs. Préférez-vous justement vous produire pour les adultes ou bien pour les enfants ?Il y a des numéros qui sont faits pour les adultes et d’autres pour les enfants. Ceci dit, j’aime beaucoup plus jouer pour les enfants, parce que l’enfant adore et cela me procure beaucoup de bonheur. Peut-être est-ce parce que je n’ai pas vu passer mon enfance ? vu que c’était pendant la guerre de libération nationale, j’ai envie de redevenir un enfant en travaillant avec les enfants. L’enfant a besoin de sourire et de s’épanouir. Il y a deux occasions que je ne rate jamais, c’est la journée des handicapés, le 3 décembre, pour lesquels je me produis bénévolement et la journée de l’enfance qui coïncide avec le 1e janvier. Vous avez sans doute une anecdote à nous raconter ?Une fois, sur scène, avec un magicien marocain qui ne connaissait pas l’Algérie, nous jouions pour les enfants. La scène avait une trappe pas très solide. Le magicien était derrière moi et en faisant un geste maladroit il tombe dans la trappe et les enfants ont cru que c’était moi qui l’avez fait disparaître ! Avez-vous d’autres activités en dehors de la magie ?Je fais également de l’animation et je suis militant de la culture amazighe. Je figure parmi l’exécutif de la Fondation Matoub Lounes et je suis président du comité local de Sidi Aich. Matoub Lounes était un ami à moi et je m’inscris totalement dans son combat. Je l’ai connu en 1978, lors de ses premiers enregistrements. Il venait chez moi et c’était quelqu’un qui aimait l’illusion et le rire. Il me disait toujours que c’était ce qui manquait chez nous. Outre Matoub, j’ai rencontré pas mal de grands artistes et personnalités de renom de la culture berbère. La magie s’apprend-elle ou exige-t-elle un don ?Elle s’apprend, mais dès le jeune âge. Elle requiert bien entendu un peu de don. Le don, ça se découvre. Moi, je fais de la transmission de pensées, de l’hypnose, de la télépathie et beaucoup de prestidigitation et de l’illusion.

Peut-on connaître le secret de la magie ?Le secret de la magie est un secret, car plus on garde le secret, plus la magie a de la valeur. Le charme de la magie réside justement dans son secret.

Un dernier mot avant de se quitter ?Je remercie la Dépêche de Kabylie qui m’a donné cette occasion de m’exprimer. Je voudrais également préciser que la magie n’a aucune relation avec la sorcellerie. Je félicite les artistes qui sont à l’image de la bougie qui fond pour donner de la lumière aux autres.

Propos recueillis par Karim Kherbouche

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