Au treizième jour de sa disparition, le jeune Lamouri Baddredine, 13 ans, n’a toujours pas donné signe de vie. Les pistes pour le retrouver se font de plus en plus rares. Son téléphone portable reste injoignable et aucun témoignage n’a été confirmé.
Les équipes de police épaulées par celles de la Gendarmerie nationale, multiplient les recherches et l’enquête se poursuit toujours. Toutes les pistes ont été vérifiées et revérifiées par les enquêteurs. D’après une source proche de l’enquête, toutes les personnes proches de Baddredine ont été interrogées au moins deux fois. À commencer par ses parents, ses cousins et ses amis de classe ou de quartier. Les équipes de la police ont même interrogé les enseignants du CEM «Merabti Nacer» où il suivait ses études. Des recherches ont été entamées près du barrage «Oued Lek’hal» et dans tous les puits d’eau de la ville. Tous les éléments sont en cours d’exploitation et un nombre important de policiers sont impliqués dans les opérations de recherche et d’investigation, mais «toujours aucune piste n’a été confirmée par les enquêteurs», précise la même source. Le sursaut de solidarité des citoyens d’Aïn-Bessem, sa ville natale, ne cesse de prendre de l’ampleur. Les habitants de cette localité se mobilisent par divers moyens, marche et rassemblement de solidarité opérations de recherches dans divers régions, grève des écoliers et des commerçants, affichage et banderoles, tous se sont mobilisés pour un seul objectif : retrouver Baddredine saint et sauf. Tout au long de la semaine dernière, plusieurs grandes opérations de recherches ont été entamées par des citoyens bénévoles. D’Aïn-Bessem à Alger en passant par Bouira, Sour El-Ghozlane et Lakhdaria, les citoyens ne désespèrent pas. Dans le même contexte, un véritable climat de psychose s’est installé à Aïn-Bessem, depuis l’annonce de la disparition de l’adolescent, surtout que des rumeurs sur son kidnapping circulent avec insistance.
Grandiose marche et rassemblement de soutien
Jeudi dernier, une imposante marche a été organisée en guise de solidarité avec la famille du garçon disparu. Cette nouvelle action, qui a regroupé au moins 3 000 personnes, a sillonné l’ensemble des artères de la ville et plusieurs quartiers. La ville d’Aïn-Bessem était une ville morte, la majorité des commerces sont restés fermés et les écoliers ont boudé les bancs de l’école. «Nous sommes tous Badrou», «y en marre de l’insécurité» «rendez nous Badrou» étaient parmi les slogans repris par la foule. Les manifestants ont tenu à exprimer leur entière solidarité avec les parents de l’adolescent. Ils réclament également la multiplication des opérations de recherche et leur élargissement. «Nous avons sillonné toute la commune d’Aïn-Bessem, du centre-urbain jusqu’au village. Nous avons cherché partout, les ravins, les oueds et les champs agricoles, mais nous n’arrivons toujours pas à trouver sa trace», nous dira l’un des manifestants. Pour notre interlocuteur, les services de sécurité doivent redoubler d’efforts et impliquer davantage de moyens techniques dans les recherches : «Les simples citoyens ne sont que des bénévoles et bien qu’ils soient animés par une bonne volonté et déterminés, mais manquent gravement de moyens. Les services de sécurité doivent impérativement déployer des moyens matériels importants pour faire aboutir l’enquête, et nous sommes disposés à les accompagner et à les épauler n’importe où et à n’importe quel moment !». Arrivé à hauteur du siège de la mairie, au centre-ville, les manifestants ont marqué une halte et ont improvisé un rassemblement. Les initiateurs de la marche ont rappelé qu’il s’agit d’une action pacifique et dont l’unique objectif est de fédérer les efforts de recherche. «Seule notre mobilisation et notre solidarité avec les parents de Badrou peuvent aider les services de sécurité dans leur enquête. Nous ne savons toujours pas si c’est un kidnapping où un acte criminel, mais si quelqu’un possède n’importe quelle information, il doit impérativement contacter les services de sécurité car chaque détail compte ! C’est l’affaire de tout le monde, citoyens comme responsables locaux, tous nous devons unir nos efforts pour le retrouver !», expliquera un des intervenants. D’autres ont réclamé l’intervention des hautes autorités du pays : «Nous comprenons la peine des parents. Badrou aurait pu être quelqu’un d’autre. Nous nous ne sentons plus en sécurité certains parents empêchent leurs enfants de sortir jouer dehors ou même d’aller à l’école. Les hauts responsables de notre wilaya et du pays doivent intervenir pour mettre un terme à cette situation !».
Appel à témoin
Le chef de la sûreté de la daïra qui s’est également joint au rassemblement devant le siège de l’APC, assura lors de son intervention que tous les moyens humains et matériels ont été mobilisés pour retrouver le jeune Baddredine. «Tous nos éléments sont mobilisés depuis le premier jour de sa disparition. Nous redoublons d’efforts et nous travaillons sans relâche de jour comme de nuit ! Cependant, nous ne pouvons pas dévoiler les détails de notre enquête car elle est classée secrète !», a-t-il martelé. Le chef de la police locale n’hésitera pas à faire un appel à témoin : «chaque détail compte dans notre enquête. Si quelqu’un l’a vu surtout la journée du samedi 30 avril, même de loin sans lui parler, il faut qu’il se présente à nos services. Tous ceux qui ont participé à la marche d’aujourd’hui peuvent nous aider, soit par des témoignages ou dans les recherches. Malheureusement beaucoup de gens hésitent encore à délivrer leurs témoignages à la Police, des témoignages précieux qui nous aideront dans notre enquête !» a-t-il ajouté. Le même responsable a appelé les citoyens de cette localité à être «plus vigilants et à faire attention aux tentatives de récupération ou de manipulation».
Reprise des opérations de recherches…Halte aux rumeurs !
Juste après l’intervention du chef de sûreté de la daïra, les manifestants ont décidé de relancer les opérations de fouille et de recherche. La zone d’activité ainsi que la décharge publique ont été les zones ciblées par cette nouvelle opération. Les éléments de la police, des officiers notamment, se sont impliqués. Conjointement aux recherches, un autre groupe de citoyens a pris position sur l’intersection de la RN18 à la sortie Est de la ville, pour la distribution d’affiches et tracts portant la photo de Badrou. Vers midi, les deux groupes sont rentrés au centre-ville, sans retrouver de trace du garçon. D’après un militant de la ligue algérienne des droits de l’homme (LADDH), impliqué dans les opérations de recherche, aucune trace n’a été retrouvée au niveau des deux sites ciblés. «Nous n’avons rien trouvé pour l’instant. Mais nous ne désespérons pas, et nous continuerons les opérations de recherche jusqu’à le retrouver», espérera-t-il. Notre interlocuteur fera état de déferlement de rumeurs infondées : «Nous appelons les gens à plus de retenue et à ne pas rallier les fausses rumeurs, ses parents ne peuvent plus supporter ! Si quelqu’un détient des informations sûres, vaudrait mieux les communiquer aux services de sécurité».
La détresse du père
Cette mystérieuse disparition suscite moult interrogations et de vives inquiétudes parmi les habitants de la région. Les membres de sa famille redoutent un kidnapping, son père dément toutefois avoir reçu des demandes de rançons. «Beaucoup de rumeurs circulent et elles sont toutes infondées. Depuis la matinée du 30 avril, nous n’avons plus aucune information de mon fils. Même l’information faisant état qu’il est parti au stade du 05 juillet est finalement fausse. Hier soir, nous avions reçu un appel vers 23h d’un type d’Aïn Oussara dans la wilaya de Djelfa, mon frère accompagné de voisins sont allés sur place, mais finalement, il n’y avait rien !», dira-t-il. Malgré la fatigue et le stress qui étaient bien visibles sur son visage ce jour-là M. Mohammed Lamouri n’a pas oublié de remercier les citoyens d’Aïn-Bessem «qui se sont solidarisés avec nous dès le premier jour de sa disparition, même le maire est venu me voir hier soir dans ma maison». À l’heure où nous mettons sous presse, aucune nouvelle n’a filtré et Badrou n’a toujours pas donné signe de vie. Les opérations de recherche se poursuivent toujours.
O. K.