«muses exilées» ravie le public

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« Muses exilées » est un spectacle artistique, imaginé puis concrétisé au sein du Café Littéraire de Béjaïa par une équipe de défenseurs des arts.

Il a pour objectif de présenter de jeunes talents qui n’ont souvent pas l’occasion de montrer leur art et de leur donner une tribune pour s’exprimer. Il s’agit aussi de sortir les grands écrivains, intellectuels et poètes du gouffre sombre et abyssal, auquel ils ont été condamnés. Les Muses Exilées visent la réappropriation de la culture et la sortie de l’état comateux, de la stagnation intellectuelle dans lesquels ils sont empêtrés. La poésie, la littérature, le chant, la musique, la danse, le dessin… sont les principaux acteurs du spectacle. Les muses protectrices et inspiratrices des arts, prêtent leurs pouvoirs, une fois tous les trois mois, afin de permettre à ces disciplines enchanteresses de circuler librement, sans contraintes ni assujettissements. Si l’exil physique est le seul moyen pour l’intellectuel de s’exprimer librement, dans bien des cas, il faut préciser qu’il y a un autre type d’isolement auquel l’artiste est sujet. En effet, celui-ci de par sa nature profondément artistique justement, se trouve plus sensible aux maux sociaux, plus à l’avant-garde des idées et donc souvent incompris et ignoré. Ainsi, il est de par ses sentiments décuplés à l’extrême, déjà dans l’exil. Dans un exil moral et émotionnel. «Muses Exilées» se propose de propager ces idées et cette esthétique qui font de l’artiste un marginal et un expatrié spirituel. C’est donc le spectacle des insoumis et des indociles. Pour cette troisième édition qui a eu lieu samedi 07 mai, le caricaturiste et photographe Azzedine Aliouchouche, connu aussi comme «Le Fennec Mordant ou AQECDUC», est venu exposer dans le hall du théâtre régional de Béjaïa. Ses œuvres caricaturales piquantes ont provoqué quelques sourires et gloussements. Le spectacle a commencé par les deux voix envoûtantes des sœurs Kirouane. Elles ont chanté à la façon de la célèbre Taos Amrouche, le patrimoine berbère à capella. La relève a ensuite été assurée par l’un des organisateurs et membre très actif du Café Littéraire, Mohand Zaidi, qui a énoncé le programme et a présidé tout au long de cette manifestation artistique. Siham Benniche, organisatrice et membre du Café Littéraire, a expliqué le concept «Muses Exilées» et a exposé sa visée et sa philosophie. Toujours dans l’esprit poétique et dans le beau, se sont succédés sur scène Imane Ouali, Kamel Guissi, Dyhia Lwiz et Nabila Guemghar qui, tour à tour, ont déclamé des textes d’El Mahdi Acherchour et de Hajira Oubachir, accompagnés musicalement par le guitariste Kakou Bouzidi et la violoniste Thiziri Bouharis. Une note revendicatrice a sonné avec la lecture d’un texte écrit par Kader Sadji, pour la défense de l’écrivain Kamel Daoud. Une atmosphère douce a pris le relais avec la jeune chanteuse, auteur-compositeur Manel Djenadi qui était accompagnée à la guitare par Adel Dial El Gosto. Après cela, l’animateur de la soirée, Mohand Zaidi, a présenté les poètes et les clameurs qui ont distillé des vers oscillant entre douleur, revendication et solitude. Le public a découvert Ghiat Mohammed Réda Houari, poète d’expression française venant d’Oran. Moh Boulassel, poète Jijelien d’expression arabe, accompagné à la guitare d’Aissa Belkadi. Fahem Djoudi a fait aimer aux spectateurs la langue Kabyle avec Isefra-ines captivants. Enfin, les groupes se sont succédés sur la scène. Ainsi, l’ensorcelante voix de Mina, accompagnée de Babi et de Kakou à la guitare, a envouté les spectateurs Yasmine Rabet, MadinaYahiaoui et leur groupe, tout en grâce et en charme ont offert leurs mélodies. Le blues a, pour le final, grisé le public, avec la formation musicale Gaada Blues qui vient tout droit de Constantine. Pour immortaliser la scène, des membres de l’association estudiantine «Les amis de la photographie» sont venus prêter main forte. Les muses étaient au théâtre samedi, elles ont rencontré et salué la foule. L’assistance a été dans le merveilleux de leur travail, dans ce que l’art pouvait offrir, dès lors qu’il est protégé.

Imane Ouali

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