La fièvre des emplettes monte

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C’est l’un des plus lamentables phénomènes qui revient chaque année et nargue les nombreux services de régulation du secteur de l’agro-alimentaire qui ne régularisent plus rien. En effet, depuis le début de cette semaine, le moins que l’on puisse dire est qu’une fièvre généralisée des emplettes s’est emparée de la population à travers ses diverses couches sociales. Une effervescence des achats qui semble produire un effet d’entraînement, une contagion qui fait boule de neige en plein été n’épargnant plus personne. C’est de nouveau la grande foule et les bousculades au niveau des marchés ou les places publiques transformées ces dernières années en marchés parallèles. C’est la ruée sur toutes les denrées alimentaires, -tout y passe, produits frais, secs, conservés ou surgelés-, qu’on rafle par quantités assez importantes. Les plus démunis s’offrent le minimum avec des stocks pour au moins une semaine, soit pour se garantir des approvisionnements suffisants pour affronter les pénuries ‘’traditionnelles’’ durant la première décade du mois sacré sachant par expérience qu’en plus du risque de pénuries «préfabriquées» par de vicieux trabendistes et intermédiaires occasionnels, le reste des marchands n’hésitent pas à donner un coup de pouce aux prix des denrées alimentaires, notamment les plus sensibles, qui enregistrent déjà une hausse vertigineuse. C’est un emballement collectif qui dévoile, de manière concrète, le peu de confiance qu’ont les citoyens vis-à-vis des services de régulation de cette activité qui ne maîtrisent pas grand-chose, sinon le discours démagogique en multipliant, comme à l’accoutumé des déclarations qui se veulent rassurantes quant à la disponibilité des produits alimentaires. Un charivari auquel personne ne donne du crédit après en avoir fait l’expérience durant plusieurs années, par la passé en se retrouvant face à des pénuries aigues, et cela après avoir cédé à des compagnes de charme à travers les gros medias. «On est jamais mieux servi que par soi-même», telle est la règle qui prévaut actuellement au sein d’une population méfiante qui a appris, par la force des choses et la désertion des services étatiques en charge de ce secteur, à prendre les devants pour éviter toute mauvaise surprise en procédant au sur-stockage de tout ce dont on aurait besoin, tant que c’est disponible, pour passer ces 30 pénibles jours de carême à l’aise. Cela se fait aussi dans le but d’évacuer l’angoisse des pénuries, d’autant plus que les «faiseurs de pénuries» et spécialistes du marché noir commencent déjà à faire circuler les traditionnelles et payantes rumeurs faisant état de la rupture prochaine de telle ou telle denrée alimentaire, en commençant par les plus sensibles, pour y provoquer une ruée des consommateurs qui raflent en premier lieu tout ce qui est disponible au niveau des surfaces commerciales. Un scénario qui revient chaque année en cette période, sans que l’on pense à un mécanisme régulateur plus performant et surtout rassurant, à commencer par des contrôles plus sévères au niveau des chambres froides pour empêcher le stockage prolongé des matières alimentaires, un procédé qui contribue à la concrétisation de ces pénuries fabriquées. Un phénomène que ne peut éliminer qu’un Etat fort, de par son autorité et sa présence sur le terrain. En attendant la mise en place d’un système de régulation solide et performant, c’est la règle de l’offre et de la demande qui continue à régner en maître absolu au niveau des marchés où tous les coups sont permis, avec au final le pauvre consommateur qui devient le dindon de la farce qui fait les frais d’un marché débridé loin d’être franc et honnête. Et ce ne sont pas ces quelques tournées éclairs des brigades des services du commerce au niveau du chef-lieu de wilaya qui arriveront à faire quoique ce soit au niveau des marchés, villes et villages des zones reculées. Il est aussi à déplorer l’absence des services d’hygiène sur le terrain, un autre volet sur lequel nous reviendrons dans nos prochaines éditions pour évoquer les conditions dans lesquelles sont commercialisées des matières «sensibles» comme le pain, les confiseries, les crèmes glacées, les boissons, les viandes et leurs dérivées et bien d’autres produits périssables.

O. S.

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