«Je viens demander conseil sur les questions régionales…»

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Bartolone, président de l’assemblée nationale française, a accordé lors de sa visite, mercredi dernier à Alger, un entretien à l’agence d’information nationale APS.

Dans cet entretien, il révèle à propos d’une question relative à la bévue d’Emmanuel Valls que «l’incident est clos et il ne doit pas nous faire perdre de vue la profondeur et la qualité des relations franco-algériennes depuis 2012. Nous comprenons l’émotion suscitée par cet incident et le regrettons. Toute intention particulière serait en contradiction totale avec la qualité exceptionnelle des liens que le gouvernement actuel s’est attaché à développer avec l’Algérie depuis la visite d’Etat du Président de la République en 2012. Aujourd’hui, il nous faut revenir à l’essentiel, et poursuivre le renforcement remarquable de la coopération dans tous les domaines. La troisième session de la Grande commission interparlementaire, dont j’ouvrirai les travaux jeudi (avant-hier, ndlr) avec mon homologue et ami Mohamed-Larbi Ould Khalifa, président de l’assemblée populaire nationale, explorera les différentes dimensions de la coopération entre nos deux assemblées, en particulier celles qui relèvent de l’économie et de la sécurité régionale qui sont les deux thèmes de travail retenus pour cette session. Je profiterai également de ma présence à Alger pour m’entretenir avec les hautes autorités algériennes pour évoquer notre relation bilatérale et recueillir leurs vues sur les grandes questions régionales et internationales». À propos des relations bilatérales sur les plans humains, par la forte présence algérienne en France, économique et historique qui ne reflètent pas ces dimensions dans la réalité M. Bartolone pense que «les peuples algérien et français sont projetés vers un avenir qu’ils construiront ensemble. Autant que je puisse en juger de l’assemblée nationale française, des projets ambitieux sont au contraire lancés dans de nombreux domaines : l’industrie, avec des projets prometteurs d’usines automobile à Oran, de tramway à Annaba, de médicaments à Sidi Abdallah ; la formation, avec des centres de formation professionnelle dans plusieurs régions du pays ; la mobilité avec un accord sur l’échange de jeunes actifs français et algériens qui bénéficient aux deux économies.

La France premier investisseur hors hydrocarbures en Algérie

La France investit en Algérie, elle crée de la valeur et s’engage sur le long terme. Elle est le premier investisseur hors hydrocarbures avec 2,15 milliards d’euros et ses entreprises emploient des milliers de travailleurs algériens. De chaque côté méditerranéen, chacune de nos paroles et chacun de nos gestes est observé par ceux qui souhaitent des relations exceptionnelles entre nos deux pays ; il faut être à la hauteur de cette attente. En ce qui concerne la dimension humaine et historique, il est important de dialoguer, et des pas historiques ont été effectués depuis la visite en Algérie du président de la République en 2012. Des mots très forts sur la colonisation et sur l’exigence de vérité ont été prononcés par le président de la République à différentes occasions. La France a fait un autre pas très important en 2015, joignant le geste à la parole, lorsque M. Todeschini, notre secrétaire d’Etat chargé des anciens combattants et de la mémoire, a déposé une gerbe sur le tombe de Saad Bouzid à Sétif, en souvenir des événements dramatiques du 8 mai 1945. Plus récemment encore, le président de la République a décidé de participer à la commémoration de la journée du 19 mars dans le but d’honorer toutes les victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie. Les deux pays avancent ensemble : archives, disparus de la guerre d’Algérie, commémoration des grands conflits mondiaux. Ces développements sont indispensables pour que nous puissions construire notre avenir commun». Au sujet de la future présidentielle qui se déroulera en France et ses éventuels contrecoups, sur les échanges algéro-français en cas de départ de François Hollande l’année prochaine, le président de l’assemblée nationale a eu la réponse suivante : «L’objectif est de poursuivre nos efforts pour continuer à renforcer nos liens. Le Comité mixte économique algéro-français et le Comité intergouvernemental de haut niveau (CIHN), qui sont devenus des «balises institutionnelles» de notre relation bilatérale depuis 2012, permettront de maintenir cette dynamique. Il faudra également que les visites de haut niveau, très nombreuses à Paris comme à Alger en 2015 et 2016, se poursuivent. Nous devrons, par ailleurs, travailler à ce que les accords signés au cours des mois derniers, en particulier lors de la 3e session du CIHN d’avril dernier en présence de nos deux Premiers ministres, se concrétisent. Ces accords sont la traduction sur le terrain de l’excellence de nos relations politiques, et ils bénéficient à nos deux peuples dans de multiples domaines». Au plan diplomatique, eu égard à la situation au mali et la position controversée de la France quant au Sahara Occidental, le président de la chambre parlementaire a estimé que «la stabilité et le développement de la région sont des sujets de préoccupation majeure pour la France. C’est dans ce but qu’elle coopère étroitement avec les autorités algériennes sur les questions de sécurité régionale, où l’Algérie joue un rôle fondamental. C’est avec ce même souci de stabilité et de développement que la France soutient, pour la question du Sahara Occidental, la recherche d’une solution juste, durable et mutuellement agréée, sous l’égide des Nations Unies et conformément aux résolutions du Conseil de sécurité. En ce sens, nous nous félicitons de la décision du Conseil de sécurité de l’ONU portant sur le renouvèlement du mandat de la MINURSO pour un an. Ce renouvellement était indispensable précisément pour maintenir le cessez-le-feu et faire avancer la situation vers un règlement pérenne. Toujours dans cet objectif, notre souhait aujourd’hui est que la MINURSO puisse reprendre rapidement le plein exercice de ses fonctions».

Sadek A. H

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