La promotion du bijou traditionnel berbère bute contre la non disponibilité des matières premières ou leur cherté ce qui fait que ce métier artisanal est menacé de disparition.
De nombreuses voix n’ont cessé de s’élever contre la cherté de la matière première qui est l’un des principaux facteurs du déclin de la profession. La situation n’est pas inédite pour les artisans fabricants de bijoux traditionnels berbères qui en souffrent depuis plusieurs années déjà. C’est le cas du corail, matière essentielle dans la fabrication de ces petites merveilles dont se pare la femme berbère. De plus en plus rare, ses prix ont atteint des sommets, si bien que les fabricants de bijoux ont de plus en plus de mal à se le procurer. Selon certains artisans qui participent au salon national du bijou traditionnel qui se tient du 26 août au 1er septembre au palais de la culture Moufdi Zakaria, le kilogramme de cette matière n’est cédé qu’à 70.000 DA. Une situation née, au début des années 2000, de l’interdiction de la pêche au corail. Chose qui n’empêche pas les braconniers de faire entrer du corail sur le marché mais avec des quantités moindres et par conséquent des prix faramineux. L’argent est aussi une matière qui devient de plus en plus inaccessible de part ses prix qui connaissent une augmentation considérable d’année en année. Les artisans sont les premiers à se plaindre de cet état de faits, sur un marché de plus en plus marqué par l’absence de cette matière première, qui constitue l’âme du bijou berbère. Selon plusieurs artisans qui vivent cette situation, « Le cours du kilogramme de l’argent oscille entre 100.000 et 110.000 dinars, en nette hausse par rapport aux 40.000 dinars des années 2000, et les 25.000 de la fin des années 1990 ». Des prix faramineux qui ne font qu’augmenter d’année en année. Et il ne faut surtout pas s’étonner de voir les bijoux coûter aussi cher et rivaliser avec d’autres fabriqués avec des matériaux tel l’or. En effet, entre 2000 et 2011, la hausse du cours de l’argent a dépassé les 175%. Elle a carrément fait un bond depuis le début de l’année en cours sur les marchés des métaux précieux, notamment sur le London Metal Exchange (LME) de Londres, sur le sillage de la hausse du métal jaune, porté par un retour massif des investisseurs face à la baisse de la croissance et la déprime en Europe. En fin de semaine dernière, l’Argent se négociait à 30,37 dollars l’once (31,33 grammes) contre 28,20 dollars la semaine d’avant. Devant cet état de fait pour le moins décourageant, les artisans ne manquent pas de créativité et d’imagination pour se procurer « légalement » cette matière indispensable. C’est le cas notamment de certains bijoutiers qui ont recours à de vieilles pièces de monnaie en argent et des bijoux achetés au prix de casse. D’autres, un peu moins honnêtes, n’hésitent pas à ajouter du cuivre avec des quantités qui dépassent de loin celles réglementaires. C’est dire que c’est à cause de toutes ces difficultés que le métier d’artisans bijoutiers traditionnel est en phase de s’éteindre. Selon un des 46 artisans participants au salon, venu d’Ath Yenni, beaucoup n’ont pu faire face à tous ces défis et ont préféré jeter l’éponge. Les artisans du sud quant à eux, se plaignent de l’absence de touristes dans leur région. Un obstacle de taille qui les empêche d’écouler leurs produits et décourage ainsi la transmission du flambeau. Le salon du bijou traditionnel est organisé par la chambre de l’Artisanat et des Métiers de la wilaya d’Alger. Il s’est tracé comme objectif, la mise en relation des professionnels, la vulgarisation du métier auprès du public et la promotion du bijou traditionnel, témoin d’un art de vivre, d’une culture, mais aussi d’une certaine conception du génie populaire algérien à travers le temps.
C.T. / Agence