Kana oua akhaouatouha

Partager

Le sommet arabe d’Alger qui a pris fin hier constitue sans nul doute un tournant historique dans la vie de la Ligue arabe. Néanmoins, certains signes, démarches, et discours nous renseignent sur le chemin à parcourir. L’intervention du colonel Mouammar Kadhafi hier résume, caricature à elle seule cette situation. Au risque de choquer quelques sensibilités diplomatiques, il est impensable de faire l’impasse sur le discours du « guide ». Nonobstant la forme « récréative » du moment, les paroles de Kadhafi nous renvoient à la face tout projet de construction d’un bloc régional.Au pouvoir depuis maintenant 36 années, Kadhafi paraît plus que jamais décidé à ne pas quitter le fauteuil présidentiel. Pis, il n’éprouve aucun besoin de s’amender ou de conduire les réformes nécessaires pour que la Libye se modernise et se démocratise. Pour lui, la démocratie est une recette occidentale qui ne saurait réussir dans le monde arabe. Ce dernier, qui possède sa culture, ses us et coutumes, suivra une dynamique qui lui est propre en dehors de celle du monde occidental.Celui-ci, en tentant de contaminer les pays arabes, risque — selon Kadhafi — de les déstabiliser au lieu de les aider. Il cite pour preuve le départ de Saddam Hussein et l’arrivée comme conséquence directe d’Ezerqaoui en Iraq.Dans le même ordre d’idées, le retrait de l’armée syrienne du Liban provoquera —toujours selon Kadhafi — une catastrophe… Le discours d’hier du dirigeant libyen vous cloue dans votre fauteuil et vous donne froid dans le dos.Toutes les valeurs de liberté, de démocratie et de modernité sont balayées d’un revers de la main au profit d’un statu quo, voire d’un retour en arrière. Les pays arabes sont sommés, d’abord par l’histoire, de se démocratiser le plus vite possible et ce, pour le bien de leur peuples, et en dernière instance pour la survie de leur régime. Revendiquer le droit de vivre en autarcie et en vase clos à l’ère du multimédia et de la globalisation relève d’une démarche suicidaire que les pays sont libres de suivre. Pour ce qui est de l’Algérie, son histoire, son parcours et son évolution permanente lui interdisent cette voie. Notre pays, véritable leader dans le monde arabe en termes d’avancées démocratiques, ne saurait faire marche arrière pour satisfaire des envolées lyriques d’un quelconque « frère ».

Chérif Amayas

Partager