“Je m’attendais à pire”

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La Dépêche de Kabylie : Quelles sont vos impressions par rapport à ce festival ?ll Slimane Benaïssa : Ce festival reflète une vraie réalité de l’Algérie. Chacun, dans son domaine, a fait une approche authentique et sincère liée à la réalité. Je dirai même, sans distance critique qu’elle est livrée sans passion.Vous avez tendance à positiver concernant la qualité des films projetés, pourquoi cet optimisme ?ll Parce que tout simplement, je m’attendais à pire. Je suis un peu plus positif par rapport à mon attitude. Mais c’est vrai qu’il y a beaucoup de faiblesse. Il faut lire ces produits avec un œil critique et reconstruire ce que voulait dire le réalisateur. Le message qu’on veut transmettre.Que peut apporter ce festival au cinéma amazight ?ll Je déplore d’abord l’aspect communautaire de ce festival. Je ne suis pas d’accord, ni politiquement ni de manière citoyenne. Mais j’ai vu quelque chose de positif dans le travail qui a été présenté par les participants.Que suggérez-vous pour améliorer ce festival ?ll Le problème essentiel de la lutte de tous les amazighs c’est de lutter pour la démocratie. C’est la démocratie réelle et là, tout a une place : l’amazighité, la tradition, la mémoire…Il y a tout de même un grand aspect positif dans le festival, il permet aux cultures régionales et locales de s’exprimer…ll Oui, l’expression des cultures locales dans toutes leur diversités, quels que soient leurs niveaux doit exister dans une société. On ne peut pas privilégier une région par rapport à une autre. Le problème est un problème de liberté d’expression. Cette dernière peut être garantie réellement, non pas par des festivals communautaires, mais par une démocratie réelle.Concrètement, que suggérez-vous au juste ?ll Je suis contre la désignation des choses car ça peut devenir dangereux. L’Algérie elle-même est inscrite dans un mouvement mondialiste. Il y a un paradoxe entre l’ouverture au monde et le retour à nos cultures. Mais il n’y a pas que le festival amazigh qui est communautaire. Il y a, par exemple, le festival du cinéma arabe au Caire et d’autres un peu partout à travers le monde…ll Je trouve que dès que quelque chose correspond à une spécificité, c’est qu’elle n’a pas touché beaucoup de gens. C’est-à-dire qu’elle ne touche que nous. On continue de ce fait à nous parler entre nous. Alors que nous devons parler au monde aussi. Il est important dans cette étape-là que cela existe. L’inventaire de la culture amazighe doit être fait, quelle que soit la région, parce que amazighe ne veut pas seulement dire kabyle, il y a les chaouis, les mozabites, les touareg. Il faut faire évoluer toutes ces variantes ensemble. Il faut sortir du ghetto de la communauté.Votre proposition n’est-elle pas prématurée ?ll Certes, cette étape est très importante. Les Amazighs doivent ressentir à travers le film, à travers la culture, ce qu’ils sont entre eux. Qu’est ce qu’ils ont à se dire. Mais l’ambition finale doit être qu’à partir de l’espace de l’amazighité, parler à toutes l’Algérie, si ce n’est au monde.

Entretien réalisé à Ghardaïa par A. M.

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