L’annonce faite lors de la tenue de la tripartite, le 5 juin dernier, au sujet de la retraite, a affolé les fonctionnaires de l’éducation, notamment le corps enseignant. En effet, il faut rappeler que, désormais, la retraite sans condition d’âge, c’est-à-dire, après avoir accompli 32 ans de service, et la retraite dite proportionnelle accordée jusque-là aux fonctionnaires ayant travaillé 20 ans et âgés de 50 ans pour les hommes et de 45 ans pour les femmes, sont supprimées lors de la rencontre gouvernement-patronat-UGTA. En somme, le fonctionnaire n’a le droit de partir en retraite qu’après avoir atteint l’âge de 60 ans. Ainsi, il nous a été donné de constater que le bureau des retraites de la direction de l’éducation est pris d’assaut tous les jours de réception. Avant-hier, dans une virée dans ce service, nous avons remarqué que le nombre de fonctionnaires venus déposer leurs dossiers était énorme. «J’ai eu le numéro 300. L’an dernier, à ce moment précis, quand j’ai déposé mon dossier, il y avait à peine dix personnes qui attendaient tranquillement leur tour. Mais aujourd’hui, cela dépasse l’entendement. Est-ce que tous les enseignants vont partir en retraite?», nous interrogera un retraité qui accompagnait son épouse venue déposer son dossier. Dans le couloir, il y avait beaucoup de monde. Il était presque impossible de s’y frayer un chemin pour aller demander un renseignement au niveau des autres services. «Je ne peux continuer à travailler jusqu’à soixante ans. Si je rate cette occasion des sortir en retraite avant que la nouvelle loi ne soit promulguée, je suis sûr qu’un jour, je tomberai sur l’estrade. C’est impossible de continuer», nous dira cet enseignant venu de Larbaâ Nath Irathen, la cinquantaine passée. C’est la même raison qu’évoquent les autres personnes que nous avons approchées devant ce bureau. Comme c’est la période qui précède la deuxième session du Bac, nombreux sont les professeurs qui se démènent dans tous les sens pour constituer leurs dossiers. «Même si j’ai pu avoir quelques pièces, il me reste l’état de services qui devrait être signé par le directeur de l’éducation. Et puis, durant cette période, tous les responsables sont pris par la préparation de la deuxième session du Bac. Vraiment, je suis très angoissé j’ai peur qu’on signe cette nouvelle loi avant que l’on m’accorde ma retraite», se lamentera cet enseignant du primaire. De leur côté pour parer à ce flux inattendu de demandeurs de départ en retraite, les services concernés ont ouvert un second bureau pour la réception des dossiers, car celui en question est réservé pour ceux venus confirmer leur départ en retraite après avoir déposé les leurs depuis déjà des mois. Une chose est sûre: cette loi fait peur à des centaines d’enseignants qui ne peuvent pas travailler jusqu’à soixante d’autant plus que ce métier est fatigant, stressant et usant. D’ailleurs, même ceux ayant déjà opté pour le régime de retraite avant 60 ans sont gagnés par de nombreuses maladies: hypertension artérielle, diabète, arthrose et parfois même dépression.
Amar Ouramdane