Conférence-débat autour de l’enseignement de tamazight

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«Anta tamazight ? Amek ? Melmi ?», est le thème d’une conférence-débat organisée, samedi dernier à 22h, par le Café littéraire d’Amizour au niveau du centre culturel Malek Bouguermouh. Animée conjointement par Benkhemou Mustapha, chercheur en sociolinguistique et co-auteur de «Amawal Tatrart», et le Dr Boudjelal Malek, maître de conférences et assistant à l’université de Batna, cet évènement culturel a drainé un public appréciable, avide de connaissances nouvelles et passionnés d’idées. Le thème choisi pour cette conférence-débat s’est imposé de lui-même, notamment après la consécration de tamazight langue officielle, en vertu d’adoption de la nouvelle Constitution en février dernier. En effet, les savants de la langue de Massinissa sont appelés à réfléchir sur la manière de la promouvoir et les modalités de son enseignement. Avant d’entrer dans le vif du sujet, M. Benkhemou, ancien détenu des années 80, a évoqué le «miracle» de la pérennité de tamazight, qui est restée une langue vivante et a perduré bien qu’elle ne soit pas écrite. «C’est par la tradition orale que les ancêtres ont pu transmis cette langue, la culture, les rites et la civilisation berbère en général», a-t-il soutenu. Abordant la question de l’unification de tamazight ou quel tamazight faut-il enseigner, ce sociolinguiste prône l’enseignement de tamazight, d’abord, dans les dialectes maternels, avant de s’ouvrir petit à petit vers les autres variantes de cette langue. «Le problème de l’enseignement de tamazight réside sur le plan des phonèmes, des morphèmes et de la phonétique, qui changent d’une région à une autre. Pour y remédier, nous devons posséder des clés pour comprendre les différentes variantes de tamazight. Il y a l’exemple de la forme de négation qui diffère entre le kabyle, le chaoui et le targui. Ma vision sur l’enseignement de tamazight est que chaque région apprend tamazight par le dialecte maternel (kabyle, chaoui ou targui), puis introduire progressivement les autres variantes dans les programmes», a-t-il expliqué. Abondant dans le même sens, M. Benkhemou a soutenu que la dimension géographique de tamazight constitue plutôt «une richesse et un rapport de force qui laisse les amazighs soudés entre eux». Pour sa part, le Dr Boudjelal Malek, qui vient de soutenir une thèse sur les variations intra-variante chawie, a défendu l’idée de l’existence «d’une complémentarité linguistique entres les «langues» de tamazight, notamment le kabyle, le chaoui et le targui. Cette thèse appuie les dires de son collègue Mustapha Benkhemou. Toutefois, cet intervenant a précisé que les variations de tamazight sont multiples et parfois difficiles à assimiler. La solution pour lui est de trouver «des clés» pour «l’intercompréhension de tamazight». Un travail de longue haleine que doit entreprendre les linguistes et autres chercheurs de tamazight. La création d’une académie de la langue tamazight est indispensable pour ce genre de recherches. En outre, l’apprentissage à l’école doit se faire, selon le Dr Boudjelal, dans la langue maternelle. «Si l’enfant n’apprend pas dans sa langue maternelle, un sentiment d’insécurité linguistique va se ressentir», a-t-il affirmé. Notons que cette activité culturelle est la première à être organisée par le Café littéraire d’Amizour, créé par un groupe de jeunes universitaires et présidé par Mokrane Ouaret, enseignant en langue et littérature françaises. «D’autres conférences et thématiques seront organisées incessamment», a indiqué M. Ouaret.

Boualem Slimani

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