Dans la joie, la communion et la solidarité

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L’Aïd thameziant a été célébrée cette année dans des conditions un peu particulières.

A la chaleur de l’été notamment des derniers jours du mois sacré s’ajoute la flambée des prix des fruits et légumes alors que les ménages faisaient déjà face à la dégringolade du pouvoir d’achat induite par la crise économique qui s’est invitée dans notre pays suite à la chute des prix du pétrole. Cela n’a pas empêché les familles de passer un Ramadhan et puis un Aïd Améziane dans la joie, la communion et la solidarité. Mercredi matin n’est pas un jour ordinaire car c’est le jour de L’Aïd Améziane. C’est tout le monde, en ville ou dans les villages, qui se sont mobilisés pour fêter ensemble cet événement qui est sujet à des préparations durant des semaines. La dernière semaine du Ramadhan amorcée, les pères de famille ont commencé à sillonner les magasins de vêtements à la recherche d’habits pour les membres de la famille, notamment les enfants, car la tradition veut que, le jour de l’Aïd, tout le monde s’habille de vêtements neufs ou de bonne occasion mais propres. Ceci sans oublier les jouets pour les bambins. Les femmes, de leur côté s’orientent vers les superettes pour s’acheter des produits de confection des gâteaux, du fait que dans chaque maison, les gens sont accueillis avec des tables garnies de gâteaux orientaux fabriqués à la maison ou achetés, des limonades et jus, du café et thé. La veille de l’Aïd, les femmes mettent du henné aux mains et certains hommes aussi. La journée de l’Aïd commence tôt avec les visites aux cimetières pour se recueillir sur les tombes des proches qui ne font plus partie de ce monde. Sur les routes, venelles et sentiers, des gens arrivent, d’autres partent, se croisent et se saluent. Dans le cimetière, la tristesse se lisait sur les visages, certains tiennent le coup, d’autres éclatent en sanglots. On entend des versets coraniques psalmodiés à basse voie. Ensuite, si les femmes retournent aux foyers pour se préparer, habiller les enfants et dresser la table, les hommes se dirigent vers la mosquée pour la prière de l’Aïd. La rue est occupée par les enfants qui, vêtus de leurs habits neufs, courent dans tous les sens. Ils seront rejoints par les hommes qui, une fois sortis de la mosquée, commencent à se saluer entre eux par des embrassades ou des poignées de mains. Le jour de l’Aïd, on oublie les différends pour laisser place à la réconciliation. Les placettes grouillent de monde. Des gens qui ne se sont pas vus des années se retrouvent. On entend parfois : voila monsieur untel que je n’ai pas vu depuis des années du fait que l’un d’eux a quitté le village il y a longtemps pour la grande ville ou l’étranger. Ils remémorent les jours fastes passés ensemble durant leur enfance, au beau vieux temps. Ces dernières années, peu d’émigrés reviennent au pays fêter l’Aïd avec leurs familles. Ceux de la génération d’avant la guerre, âgés entre 70 à 80 ans, ont quitté ce monde pour la plupart. Leurs enfants nés et vécus à l’étranger s’attachent peu aux valeurs ancestrales. Le jour de l’Aïd, toutes les portes des maisons sont ouvertes et le village forme la grande famille. Les cafés s’ouvrent la journée et sont très fréquentés par les gens qui s’invitent à prendre des cafés autour d’une discussion, d’autres s’adonnent aux jeux de cartes et dominos. Le lendemain, ce sont les visites aux parents ou familles habitant loin. Les fourgons de transport de voyageurs assurent la navette pour permettre aux gens de se déplacer, individuellement ou en famille. Cette année la fête s’est prolongée au troisième jour qui tombe un vendredi, jour férié. Il y a bien une expression qui dit : «après la fête, on gratte la tête», c’est-à-dire une fois le Ramadhan et l’Aïd passés, les familles commenceront à évaluer l’ampleur des dépenses. L’été est synonyme de dépenses avec les départs en vacances, les fêtes de mariages, etc. C’est la chronique d’une fête de l’Aïd en Kabylie !

L. Beddar

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