A l’instar des autres régions du pays, la Kabylie a fêté l’Achoura dans un climat d’allégresse. Cheurfa N’bahloul, ce village aux 88 martyrs n’a pas dérogé aux règles ancestrales. La parfaite organisation des journées du 9 et du 10 février 2006 a facilité le déroulement des festivités ponctuées par des “dons ou waada”. Venus de partout, des visiteurs afflueront dès 6h 00 du matin. Des bus bondés de monde déversaient des familles à l’entrée de la zaouia. Vêtues pour la plupart de robes kabyles, des femmes et des jeunes filles, toutes souriantes, accompagnées de leurs époux et enfants se dirigaient vers la mosquée, offrant leurs dons (argent) qu’elles déposaient dans une corbeille utilisée à cet effet. Les notables rétorquaient par d’interminables souhaits. Les villages limitrophes (Taddert, Flikki, Tinkicht, Tizi Bouchen, Ighil Bouzel, Hendou, Aït Bouhouni, Boubroun, Tinesouine, Tahzibt…) et la ville d’Azazga (quartier de la cité du Djurdjura Abouchiche…) ne seront pas en reste. Cheurfa, connu pour son hospitalité légendaire vivra des moments merveilleux. Perché sur une colline culminant à 450 m, ce village domine une partie de la vallée du Sebaou. La beauté des monts enneigés du Djurdjura ajoutera du baume à l’atmosphère fraternelle qui régnait. Des jeunes militants de l’UDR nous feront part de leur enthousiasme devant cette réussite somme toute totale. Devant la mosquée des hommes et des femmes circulaient. Quant à l’entrée au cimetière, on demandera comme à l’accoutumée aux hommes de ne pas s’y rendre, ce lieu sacré étant réservé exclusivement aux femmes. Un vibrant hommage est à rendre aux habitants de ce glorieux village qui possède une excellente équipe de football, l’Olympic de Cheurfa Azazga, pour n’avoir lésiné sur aucun moyen pour faire de ces journées des moments agréables. La fête se terminera très tard, à 18h 00 précisément. Après les au revoir, nous nous rendons au cimetière. Un hommage sera rendu à Si Moh Yahou, décédé le jour de l’enterrement de Matoub Lounès, ainsi qu’au jeune martyr du Printemps noir 2001, Sofiane Mouter, tué le 27 avril 2001 alors qu’il n’avait que vingt ans (il était né le 29 janvier 1981).
Rachid Yahou