Qui se soucie encore de la pollinisation des figuiers ?

Partager

C’est en profitant d’un petit arrêt pour nous rafraîchir à Tamdikt, dans la basse M’Kira, au café maure dudit village jouxtant la RN68, que nous avons été interpellés par quatre personnes âgées qui prenaient leur café sous la véranda ombragée alors que deux sacs de figues étaient posés à côté d’eux. «Nous n’allons pas vous faire une leçon sur çà mais nous allons profiter de cette heureuse rencontre pour lancer un appel à tous les jeunes de M’Kira. Je dis bien de M’Kira, car les autres régions ont pris déjà les devants, comme c’est le cas pour le village de Lemsella de Bouzeguène ou ceux de Béni Maouche où la figue est fêtée chaque année. Il faut dire qu’avant, il n’y avait que la figue de M’Kira qui était réputée et appréciée d’autant plus que ce fruit de notre douar, située aux portes d’Alger, avait son label ‘Kermous Kbayel’ alors que maintenant, toutes les figueraies ont disparu et même les figuiers qui en restent, les gens ne prennent pas le soin de procéder à leur pollinisation, ce qu’on appelle ‘Adhekar’», nous déclare Aami Slimane. En effet, les quatre compères mènent, depuis quelques années, une campagne de sensibilisation, en ciblant les jeunes et les enfants, non seulement à la sauvegarde des figuiers mais également à leur développement. «Où que vous allez, vous n’allez pas trouver sur les figuiers ces colliers de figues mâles qui serviront à polliniser les futurs fruits alors que tout le monde constate que déjà ces figues en formation jaunissent et tombent, ce qui a donné le mot ‘Ijah’ qui s’applique également à certaines personnes lorsqu’elles ne sont d’aucune utilité», dit, pour sa part, Aami Amar tout en nous expliquant que le figuier mâle ou «figuier sauvage» ne donne pas de fruits comestibles, qui est aussi appelé en français «caprifiguier» alors que chez nous, c’est toujours «adhakar» qui, en principe, a sa place au milieu de chaque figueraie mais si un fellah n’en possède pas, un autre peut lui en donner pour polliniser ses arbres.

Essaid Mouas

Partager