Chut… on va démolir !

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En dépit des effets d’annonce du type «La wilaya n’appartient pas au wali», «Il faut être objectif», «Je suis pragmatique» et d’autres formules à l’emporte-pièce du même goût, le point de presse donné avant-hier jeudi, par le wali de Bouira, M. Nacer Maâskri, à la salle de sport de la base de police, a manqué de pugnacité. Que ce soit sur les constructions illicites, le marché informel, l’amélioration urbaine ou tout simplement la démolition annoncée comme imminente de la cité Aïnouche Hadjila ainsi que celle des haouchs, dans le cadre de la rénovation de l’ancien tissu urbain de la ville, toutes questions abordées avec la presse en marge de la cérémonie organisée par la police à l’occasion de la promotion de 90 policiers, le wali a peiné à convaincre. La chaleur y était certainement pour beaucoup. Les questions tendues et parfois longues. Cependant, l’objectif a fini par apparaître et le conférencier n’avait d’autres intentions que de préparer l’opinion à la décision de démolir la cité Aïnouche qui donne la migraine aux autorités. On sait que cette cité est bonne pour la pioche. Les conditions de vie y sont intenables. Mais comment convaincre la vingtaine d’occupants qu’il est impossible de satisfaire leurs desiderata ? Du moins tout de suite comme ils l’exigent ?

Le wali a pourtant tout fait pour régler le problème posé. Il a répété patiemment qu’il a mobilisé 197 logements pour éradiquer ces bâtiments datant de l’époque coloniale et dont la précarité avérée constitue un danger public. Il a rencontré deux associations chargées de ce dossier. Mais au moment où le consensus général commençait à se dessiner, au moment où les autorités pensaient avoir résolu le problème qui se posait, rebelote, on revenait à la case de départ. La vingtaine de contestataires tenaient à être relogés en même temps que les autres. La proposition du wali est claire et fait suite à une étude des recours introduits par ces derniers. Certains sont éligibles au logement social et pourront d’ores et déjà formuler leur demande. Mais ceux qui ne le sont pas, du fait de leur salaire qui est supérieur à 24 000, ceux-là pourront essayer d’autres formules existantes en matière de logements. Le wali faisait remarquer ce que gagnent en espace un occupant de ces logements précaires qui font 32 m² : le logement offert au titre de recasement fait 65 m². Plus que le double ! Pour le site, il a déjà en tête le projet d’un équipement public sous forme d’un parking souterrain. Abordant les constructions illicites, le premier responsable de la wilaya est demeuré intraitable : les mesures prises à ce sujet seront appliquées conformément aux dispositions régissant ce type de constructions. Pour la rénovation de l’ancien tissu urbain, les choses ne paraissent pas si simples du fait que les haouchs qui constituent l’essentiel de ce vieux bâti, sont dans l’indivision. Le wali a fait connaître sa disponibilité à prendre en charge les occupants, à condition que ces logements précaires soient démolis et permettent à de nouvelles constructions de surgir en conformité avec les normes en vigueur. Concernant le pôle urbain, le wali a montré sa satisfaction, malgré que la demande qu’il situe à hauteur de 6000 dossiers a explosé alors que pour y faire face, la wilaya ne mobilise que 1 500 logements sociaux. Le wali a vu dans ce déficit les dix ans où le logement social a été supplanté par d’autres types de logements ayant suscité l’engouement du public. Quant au retard constaté au niveau de ce pôle, il l’a expliqué par le fait que les travaux d’assainissement de mise en place de réseaux d’AEP, d’électricité de gaz et de téléphone sont menés parallèlement avec le reste du projet. Ce qu’il faut noter, c’est que chaque fois que le conférencier aborde le logement précaire ou le logement social, il revenait à la cité Aïnouche Hadjila pour justifier sa décision de démolition et la récupération de ce site en vue d’un grand projet. S’il considère que ceux de ces occupants qui réclament un logement social au même titre que n’importe quel citoyen qui y ouvre droit, il n’oubliait pas non plus ceux qui, depuis dix ans, ont formalisé un dossier et vivent dans l’attente fébrile d’un éventuel recasement.

La question de l’amélioration urbaine et des sommes colossales mobilisées à cet effet ne semble avoir retenu que vaguement l’intérêt de notre interlocuteur jeudi dernier. La situation pourtant est plus que préoccupante dans certaines localités, où les opérations qui sont lancées dans ce cadre se révèlent de la poussière aux yeux.

Aziz Bey

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