Ces portables qui ruinent les amoureux

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Les tarifs du téléphone mobile ont enregistré une relative baisse qui a permis à de nombreux citoyens de disposer de ce moyen de communication devenu, de nos temps, indispensable. En un laps de temps, des millions d’Algériens en font usage et en éprouvent presque un besoin vital.Néanmoins, à Akbou, comme partout ailleurs, ce sont les amoureux qui ressentent le plus cette exigence de disposer du mobile. Au fait qu’on éprouve beaucoup plus de facilité et de plaisir à exprimer ses sentiments amoureux par téléphone s’ajoute la rareté des rencontres. Le problème est d’autant plus perceptible en milieu rural où les relations d’amour sont plus exposées aux tabous de la société traditionnelle. «J’habite à quelques encablures de ma bien-aimée, mais je ne la rencontre que rarement. On passe la journée à « se biper » et à échanger des SMS, ce qui nous excite à longueur de journée. Par conséquent, on ne peut résister longtemps sans s’appeler. Je dépense jusqu’à 2400 DA par semaine pour l’achat des cartes de recharge», raconte Said, fonctionnaire de son état. Pis, son ami, Mouloud, que nous avons rencontré dans un café, est amoureux d’une jeune femme qui habite dans l’Oranie et qu’il ne voit que durant les vacances d’été à Akbou et ceci dure depuis huit ans ! Il accepte de se confier à nous : «Ma situation ne me permet pas de fonder un foyer, mais je l’aime et je ne peux me passer d’elle. Aujourd’hui, si je fais le compte de ce que j’ai dépensé au téléphone pour elle, la somme me suffirait largement pour construire une maison et célébrer mon mariage !». Il ajoute : «Avant, du moins, je l’appelais une à deux fois par semaine d’un taxiphone. Maintenant, avec l’apparition du téléphone mobile, on a l’impression d’être constamment en ligne, je l’appelle alors presque chaque jour. Sans compter les bips et les SMS. Comme si on a peur du vide car la nature, comme l’amour, a horreur du vide». A ce titre, nombre de jeunes que nous avons approchés se plaignent de la cherté de la communication téléphonique du portable. «Je me ruine mais, malheureusement, je n’y peux rien, je n’ai que ce moyen pour communiquer avec ma bien-aimée», proteste Slimane qui en veut aux opérateurs téléphoniques algériens de ne pas prendre en considération le cas des amoureux. Enfin, ces jeunes souhaiteraient que les compagnies de téléphonie mobile se penchent sur leur problème. Ils proposent par exemple d’envisager un numéro favori gratuit. «Pourquoi pas ? C’est une manière de se rapprocher davantage de leurs clients et de gagner en crédibilité. Je leur propose à l’avance des slogans du type « Aich l’amour avec Djezzy », « Nedjma, écoute l’amour qui est en toi » ou alors « Mobilis et tous les amoureux parlent »!», ajoute Slimane.

Karim Kherbouche

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