Aggach, un village historique

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Aggach est un petit village implanté au cœur de l’âarch amchedal, à proximité de Taydha Lemsara, lieu de rencontres des notables représentants des villages dudit âarch pour débattre des problèmes de leurs villages respectifs.

Un lieu des plus sacrés où les sages sont appelés à revoir l’ordre communautaire appelé « talast », une sorte de pacte social existant dans toute la Kabylie pour sa mise à jour et son actualisation en fonction de l’évolution du temps. Aggach est le 11ème village du âarch, mais le plus petit sur le volet démographique avec à peine deux mille habitants. Il compte en tout cinq familles réparties en 220 foyers. C’est l’un des villages qui a activement participé à la guerre de libération, du fait de l’engagement sans retenue de ses enfants dans la lutte armée. Des jeunes qui se sont porté volontaires dès le déclenchement de la guerre de libération, et qui sont tombés au champ d’honneur les armes à la main. L’on ne dénombre aucun survivant, exception faite de ceux qui se sont engagés au sein de la fédération de France. Ce village, grâce à sa position stratégique, étant bâti sur le haut d’une colline, offre une vue dominante à des dizaines de kilomètres à la ronde, ce qui permettait aux glorieux moudjahidines de scruter avec aisance toute la plaine de M’Chedallah où étaient confinées les forces coloniales administratives, comme les campements et casernes militaires. Cette position lui a valu un dicton « ansi i dekidh i aggach dhasawen ». Situé au pied de Lala Khedidja, il culmine à quelque 600 mètres d’altitude. Pris, au nord, entre le chef-lieu de la commune et le vieux Saharidj, à l’ouest par le village Ath Oualvan et étroitement ceinturé par la forêt de Tizi Ghrane, à l’Est par le village Ighil Hamad et enfin au Sud par le village Ath Yevrahim, Aggach a de tout temps constitué un lieu stratégique de ralliement de maquisards, transformé par conséquent, en refuge et lieu de repos pour les groupes de l’ALN et ceux du FLN historique. D’ailleurs, de nombreux officiers de l’ALN de la région, tels que Aberrahmane Mira, le colonel Ouamrane, le colonel Salah Zaamoum, sont tombés au champ d’honneur à quelques encablures de ce village. Bien d’autres officiers ont également marqué de leurs empreintes la guerre de libération nationale par de hauts faits d’armes à proximité de ce village. C’est ainsi que l’attention des militaires français a été attirée et ils ont décidé de raser Aggach à la fin de l’année 1959. Ses habitants furent parqués au sinistre camp de concentration d’Ighil Ouzekour, un quartier de l’actuel chef-lieu de commune de Saharidj, avec les habitants du village Ighil Hamadh qui a été aussi détruit une année plutôt pour les mêmes raisons, à savoir un soutien massif aux maquisards. Ce camp a été entouré d’une double clôture en fil barbelé avec une seule et unique entrée, et soumis à un contrôle vigoureux pour sortir ou rentrer, en plus d’une guérite équipée d’un mirador et d’un puissant projecteur pour la surveillance de nuit. Les habitants d’Aggach furent les premiers à quitter ce lugubre camp de concentration immédiatement après l’indépendance, pour revenir s’installer sur leurs terres dès 1965 sans toutefois reconstruire l’ancien village qui était complètement rasé. Chacune des familles s’est regroupée sur des terrains communs à environ 500 mètres du chef-lieu de la commune, du côté sud. Cependant, ils sont nombreux à avoir quitté carrément le village pour s’installer à Ahnif, M’Chedallah, Ath Yekhlef et Assif Assemadh. La spécificité de ce village est le fait d’être le premier à avoir bénéficié des commodités les plus indispensables, par des actions de volontariats comme l’acheminement de l’eau potable à partir de Saharidj en 1967. Cela dit, leur unique source Tala n’Ath Salah a été l’une des toute premières à être polluée par le rejet principal de l’assainissement de Saharidj.

Le village a, par la suite, bénéficié du raccordement à l’électricité en 1987 dans le cadre des opérations dites tripartites. Un projet financé par les contributions du village, de la commune et enfin la troisième partie a été prise en charge par la wilaya. Cependant, ce n’est qu’en 1993 que l’unique voie d’accès le reliant au chef-lieu de la commune a bénéficié d’un revêtement en bitume, suivie d’un projet de raccordement au réseau du téléphone et celui de l’internet en 2010. Notons enfin que ce village qui est l’un des plus anciens de la région est à vocation agropastorale, dont les principales richesses sont l’olivier, le figuier et les figues de barbaries, en parallèle à une timide présence de quelques arbres fruitiers dans les rares jardins. Quand à l’élevage, toutes filières confondues, il y a longtemps qu’il a été abandonné exception faite de l’aviculture où l’on note l’existence d’une douzaine de poulaillers environ. De ce fait, les hommes et femmes en âge de travailler partent chercher du boulot en dehors de la commune, celle-ci n’offrant pas des chances de travail, d’où un taux de chômage galopant.

Oulaid Soualah

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