La cité Aïnouche Hdjila rayée de la carte

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Reportée à trois reprises, l’opération de relogement des habitants de la cité Aïnouche Hdjila du centre-ville de Bouira, communément appelée Cité Évolutive, a finalement eu lieu hier.

En effet et dès les premières heures de la matinée d’hier, les services de la wilaya ont lancé cette action pour le relogement des 128 familles qui occupent les lieux depuis plus de 50 ans. Il faut dire que les pouvoirs publics ont bien organisé cette opération tant attendue par les habitants, et plusieurs réunions de préparation ont été tenues, ces derniers jours, au niveau de la wilaya et tous les services ont été mobilisés, à commencer par les 45 communes de la wilaya qui ont affecté des camions pour le transport des meubles des habitants vers la nouvelle cité située à la sortie nord du chef-lieu. Les services de la DTP, de l’ADE, de la SDC, d’Algérie Télécom, de l’ONA, de l’OPGI étaient aussi mobilisés, lors de cette opération de grande envergure. Aussi un impressionnant dispositif de sécurité composé d’escadrons antiémeutes et de policiers, a été déployé autour et à l’intérieur de la cité et les routes avoisinantes ont été coupées à la circulation automobile. Le secrétaire général de l’APC supervisait, lui-même, cette opération, la plus importante qu’a connue la ville de Bouira depuis les grandes opérations d’éradication des bidonvilles en 2009. Ainsi, l’opération qui s’est déclenchée vers 4 heures s’est déroulée dans de bonnes conditions. Les agents de la SDC, de l’ADE et d’Algérie Télécom étaient les premiers à investir le terrain, en procédant à la suspension des réseaux d’eau, de gaz, d’électricité et d’Internet, et ce, afin d’isoler et sécuriser les lieux. Vers 5h du matin, c’été autour des camions à bennes des APC d’investir ce quartier et ont commencé à évacuer les familles et les meubles pour les transporter vers la nouvelle cité. Pour chaque famille, un PV de relogement a été établi par un agent de l’APC et signé par le propriétaire. Vers 09h30, pas moins de 80 familles ont été évacuées, en attendant le reste. Juste après le départ de chaque famille, des ouvriers de l’APC prennent le relais pour démonter les portes, les fenêtres des appartements et supprimer les séparations métalliques. L’on apprendra que la démolition complète des quatre bâtiments qui constituent ce quartier se fera une fois toutes les familles évacuées et relogées.

80 familles évacuées

De leur côté la majorité des bénéficiaires ont accueilli favorablement, même avec beaucoup de joie, cette opération. «C’est un rêve qui vient de se réaliser. Après plus de 50 ans d’attente, j’ai enfin pu bénéficier d’une maison au sens propre du mot. Plus de 50 ans de souffrance, dans un appartement de 30 m² avec des sanitaires collectifs et des conditions des plus lamentables !», Nous dira H. Akkouche, l’un des bénéficiaires, qui s’apprêtait à quitter avec sa famille ce quartier. D’autres habitants ne partageaient pas, cependant, la même satisfaction de la majorité des bénéficiaires. Ces derniers, dont le nombre avoisine les 18 familles, ont refusé de quitter leurs demeures. En signe de protestation, ils ont accroché des drapeaux nationaux sur leurs fenêtres. Ces derniers qui n’ont bénéficié que d’un seul logement, réclament l’attribution d’au moins deux logements à leurs profits, puisque ces derniers possèdent plusieurs demandes de logements et sont généralement plusieurs familles à occuper un seul appartement. Durant l’après-midi, ces derniers ont fini par surseoir à leurs positions et ont commencé à plier bagages pour rejoindre leurs nouvelles demeures. Le SG de la wilaya qui s’est également entretenu sur les lieux avec les protestataires, a tenu à les rassurer. Le même responsable a affirmé dans le même sillage, que la majorité des propriétaires ont signé des désistements. Il avancera également qu’il était temps, surtout que le rapport du CTC a tiré la sonnette d’alarme et que les bâtisses qui datent de 1958, menacent ruines», a-t-il déclaré. À noter, pour rappel, que cette cité a été réalisée en 1958 par l’armée française pour abriter ses soldats. Composée de quatre grands bâtiments, ce quartier était de loin la première construction avec une architecture moderne à Bouira. Après l’indépendance, elle a été baptisée au nom de la brave Moudjahida de la commune d’Ahnif, Aïnouche Hdjila. Avec sa démolition, c’est une page d’histoire de la ville de Bouira qui s’est fermée.

Oussama Khitouche

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