Imzad, un beau livre au titre tout aussi beau, laconique, évocateur et percutant. Un volumineux opus de 336 pages, publié en mars 2016 aux éditions Casbah.
Il s’inscrit en droite ligne du travail accompli par l’association Sauvons l’Imzad, créée en 2003 par l’auteure Farida Sellal. Imzad est un savoureux voyage initiatique dans le temps. Il met en lumière la place et l’importance de cet instrument fétiche dans la vie sociale targuie. Partie intégrante de la vie traditionnelle locale, cet instrument monocorde représente à la fois l’âme et la mémoire de cette communauté berbère, évoluant en quasi autarcie dans les étendues arides et inhospitalières du désert.
«Rattraper la vie par la photographie, fixer l’immatérialité des attitudes, ces choses infimes qui passent comme une ombre furtive, comme un regard, tel a été mon objectif lorsque j’ai entrepris l’écriture de cet ouvrage. Je me suis appliquée à écrire et fixer l’image, pour ne pas perdre les instantanés des scènes quotidiennes afin de mieux connaître et faire connaître un vécu ancestral que les gens du Sahara ont modelé à leur image», note l’auteure dans l’avant-propos. L’ouvrage concentre une moisson d’informations et une abondante illustration sur l’Imzad, considéré à juste titre comme la complainte du désert. L’Imzad est convoqué dans tous les rendez-vous festifs et les joutes musicales. Farida Sellal réserve aussi un large espace à la «sultane du désert», en l’occurrence Dassine Oult Yemma, poétesse targuie du XIXe siècle. L’Imzad, est-il nécessaire de rappeler, ainsi que toutes les pratiques gravitant au tour de cet instrument, sont inscrits en 2013 sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).
N. Maouche

