Le pavillon des urgences médico-chirurgicales de l’EPH Mohamed Boudiaf de la ville de Bouira continue à faire de nombreux mécontents parmi les citoyens qui sollicitent ses services.
Les centaines de patients qui s’y rendent tous les jours, avec notamment une affluence très intense durant les gardes de nuit, se retrouvent souvent perdus ne sachant à qui s’adresser pour accéder aux soins. Du côté des médecins, le désarroi est également grand, dans la mesure où ils se retrouvent très souvent devant un nombre très important de malades pour pouvoir les prendre tous en charge dans la sérénité. En effet, les malades qui se rendent dans cet établissement pour des soins d’urgence ne trouvent aucun soutien, ni assistance.
Entassés au pavillon des urgences, les malades attendent pendant de longues heures, particulièrement durant les nuits, dans la souffrance, avant de se voir prodiguer les soins dont ils ont besoin. D’autres, perdant patience, quittent le lieu pour aller chercher un remède ailleurs. Dans d’autres cas, la tension générée débouche sur des altercations qui ne servent ni le malade ni la tâche du personnel médical. Les agressions physiques et morales contre les équipes médicales font légion dans cet établissement. Des problèmes d’insécurité sont souvent signalés.
D’après le témoignage de nombreux citoyens, recueillis hier en début de soirée sur place, le service des urgences de l’hôpital de Bouira «est un calvaire pour les patients qui s’y rendent», alors qu’il est censé prendre en charge le malade en détresse et qui souffre intensément de maladie ou de blessures graves dans les meilleurs délais. «J’évite souvent d’aller aux urgences de cet hôpital. Les prestations de service sont pratiquement nulles. Les médecins et les infirmiers qui y travaillent ne se soucient plus même des cas les plus urgents. Moi je préfère m’adresser aux cabinets privés ou même vers d’autres établissements de la wilaya, en cas de besoin», nous dira Karim, un habitant de la ville de Bouira. Et d’enchainer : «Moi, je suis presque devenu un habitué des lieux, ma femme a des problèmes de tension et ressent souvent des chutes de tension. Malheureusement, j’ai vécu le calvaire à l’intérieur.
Des fois les médecins qui la consultent ne prennent même pas le soin de lui délivrer une ordonnance». Au niveau de cet hôpital, les gens croupissent dans la salle d’attente sans aucun soutien ou aide, attendant leur tour sans savoir combien d’heures ils vont y passer. Le service des analyses médicales n’est pas accessible aux citoyens qui sont contraints de les réaliser dans des laboratoires privés à des prix exorbitants, alors que dans toutes les localités de la région ce service est disponible au niveau des hôpitaux ou des polycliniques, à l’instar d’Aïn-Bessem,
M’Chedallah, Lakhdaria ou Sour El-Ghozlane. Pour les analyses on vous renvoi presque machinalement chez le privé
«Ce n’est pas normal qu’une unité UMC, censée être dotée de tous les moyens nécessaires, ne dispose même pas d’un centre d’analyse médicale. Les médecins nous demandent, à chaque fois, de faire des analyses en dehors de l’hôpital, même pour des patients hospitalisés. L’hôpital ne dispose même pas de brancardiers et c’est les accompagnateurs qui transportent les malades, même d’un service à l’autre», nous dira un autre accompagnateur de malade, que nous avions rencontré hier, près du service des urgences.
Notre interlocuteur assure que les cliniques privées de Bouira exercent des tarifs exorbitants qui ne peuvent être à la portée de tout le monde. Ces laboratoires privés pullulent d’ailleurs aux alentours de l’hôpital. «Une simple analyse du taux de diabète coûte 1 500 DA chez le privé ! Cela sans parler des autres analyses non-disponibles à Bouira et que les patients doivent se déplacer vers Alger ou Tizi-Ouzou pour les faire», soulignera-t-il. Ceci sans oublier de citer que les alentours de l’hôpital sont transformés en parkings sauvages, où les accompagnateurs des patients doivent payer pour pouvoir stationner leurs véhicules.
Oussama Khitouche

