Ihitoussene font revivre la forge

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L’association culturelle Sebaa Zbari (les sept enclumes) en collaboration avec l’association féminine Thahitost a organisé avant-hier la fête de la forge dans sa deuxième édition, et ce à l’école primaire Aliane Md Ouamar. En effet, et pour que nul n’oublie la place et la valeur de la forge dans la vie des Ihitoussen et dans l’économie de la région et du pays, un riche programme a été concocté pour célébrer ce noble métier que les organisateurs souhaitent redynamiser, revaloriser et sauvegarder. La cérémonie d’ouverture a eu lieu en milieu de matinée avec la levée du drapeau national suivi d’une visite au musée de la forge inauguré l’année passée. Etaient présents, en sus des citoyens venus de plusieurs wilayas, le chef de la daïra de Bouzeguène, le P/APC et ses élus, la sûreté nationale, le directeur du tourisme et de l’artisanat de Tizi-Ouzou, une représentante de la direction de la culture et le fils du colonel Mohand Oulhadj. Une visite guidée au lieu-dit Thahanout N’Tadjmaath où se tient toujours la forge a eu lieu. Dda Ramdane, le doyen du village et des forgerons né en 1917, a raconté avec beaucoup d’émotion l’histoire et l’évolution de ce métier. Il a de tout temps œuvré à transmettre son savoir-faire à la génération montante pour pérenniser ce métier. Les invités et les médias venus en force ont vécu des moments uniques à l’intérieur de la maison traditionnelle où se trouve tout l’outillage nécessaire. Ils ont pu assister à une démonstration sur la fabrication d’un outil et les techniques de ferrage d’un mulet. A Taghaza et pendant toute la journée, une exposition a réuni des auteurs de livres, Adaoun Abdelghani et Ahcene Mariche, un apiculture de Timizart, un potier ainsi que la CASNOS et la caisse d’assurance chômage de Tizi ouzou. Peu avant midi, Ihitoussen et ses invités se sont retrouvés à la cour de l’école primaire où ont pris la parole le P/APC, le chef de daïra. M. Gheddouchi, directeur de tourisme et de l’artisanat de Tizi-Ouzou, a salué les organisateurs pour la formidable contribution à la sauvegarde de ces métiers en voie de disparition tout en promettant d’aider l’association et le village. La parole a été ensuite donnée à la représentante de la direction de la culture qui a abondé dans le même sens. Quand à Mohand Said Akli, fils du colonel Mohand Oulhadj, il a mis en exergue le rôle des forgerons de la région durant la guerre de libération et leur contribution à l’indépendance de notre pays. Après le déjeuner traditionnel pris à la cantine de l’école, des chants, des poèmes suivis d’une chorale animée par des filles en robes kabyles ont égayé l’assistance. Une chanson, véritable plaidoyer pour la sauvegarde du métier de forgeron, a d’ailleurs été entonnée. A 15H00 les visiteurs ont assisté à une conférence-débat animée par l’universitaire Saidani Massinissa de la commune Illoula qui prépare une thèse sur la forge d’Ihitoussen et Dr Aliane Abdelkrim chirurgien dentiste qui a rédigé un livre sur la forge qui le passionne à la salle de réunion à Thahanout. «L’histoire de la forge à Ihitoussen a commencé suite à la venue d’un étranger au pays, plusieurs régions refusèrent sa présence. Seul le village d’Ihitousssen l’accueillit. Il leur apprit le métier et fit une prière et leur dit : «quiconque exercera ce métier n’aura jamais faim !» Nos aïeux n’ont depuis jamais abandonné ce métier.», nous apprendront les organisateurs qui tiennent d’ailleurs à remercier les autorités locales à leur tète l’assemblée populaire de Bouzeguene qui se sont s’engagées à prendre en charge les dépenses de cette édition. Notons que des forgerons sont venus de partout pour assister à l’événement. Hammoum El Hadi relate : «J’ai commencé ce métier à l’âge de 9 ans avec mes frères, depuis1988, je suis installé à Azazga. Malgré les nouvelles technologies, je continue à travailler comme avant et je gagne bien ma vie. Ma clientèle est fidèle à mes services. J’ai 73 ans et je ne compte pas m’arrêter.»

Fatima Ameziane

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