«Nous venons nous ressourcer dans la région de nos racines !»

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Achab Ouiza et Faci Lila sont deux artistes peintres qui concilient à merveille leur rôle de mères de famille et leur passion pour l’art. Elles exposent leurs chefs-d’œuvre à la maison de la culture Mouloud Mammeri du 14 au 17 août 2016. La troisième artiste, Mme Ladjadj Fatiha, n’a quant à elle pas pu venir. Le coup d’envoi du vernissage a été donné par Mme Gouméziane Nabila, directrice de la culture, accompagnée de la directrice de la maison de la culture, Mlle Kemmar Dalila, la directrice de l’école des beaux arts d’Azazga, Mme Nadia Mokhtari, de la représentante de l’APW, Mme Bouaziz et de nombreux citoyens, dont une majorité de femmes. Dans cet entretien, les deux artistes livrent aux lecteurs de la Dépêche de Kabylie leur joie de se retrouver à Tizi-Ouzou et parle à cœur ouvert de leurs projets.

La Dépêche de Kabylie : Vous exposez à Tizi-Ouzou, pour la première fois, vos tableaux. Pouvons-nous connaître vos impressions ?

Mme Achab : Je suis très touchée par l’invitation de la direction de la culture. C’est un honneur d’exposer dans cette institution portant le nom de Mouloud Mammeri. C’est aussi un retour à mes racines.

Mme Faci : C’est un rêve que je viens de réaliser et j’en suis très heureuse. Je suis comblée par un tel accueil. Nous nous sentons vraiment à l’aise.

Pourriez-vous nous retracer brièvement vos parcours artistiques ?

Mme Achab : Je suis née le 30/10/1965 à Ath Yenni. A 21 ans, je suis entrée à l’ITE de Tizi-Ouzou où j’ai effectué une formation de dessin. Major de promotion, j’ai entamé ma carrière de professeur d’éducation artistique. Je fais partie des membres de comités d’organisation, de membres de jury d’évènements culturels et d’expositions au niveau de la direction de l’éducation de la wilaya d’Alger. J’ai exposé à l’ambassade des Etats-Unis. Je suis à la retraite depuis 2014 et me suis entièrement investie dans la peinture.

Mme Faci : Je suis née le 7 Février 1968 et suis originaire de Béni Douala. Je me suis retrouvée au sein d’une famille d’artistes et je ne pouvais y échapper. Mon acharnement, mon amour pour la peinture m’ont poussée à faire de gros progrès et mon premier tableau était sur la Palestine. Je suis rentrée à l’ITE en 1980 à Alger et ressortie major de promotion. Je suis professeur-formateur et contribue à différents concours.

Pouvons-nous connaître les sujets de vos tableaux ?

Mme Achab : Ils parlent exclusivement de la femme, de la force de caractère de la femme amazighe, une femme exceptionnelle, une combattante à l’image de la reine berbère Diyia.

Mme Faci : C’est toujours la femme qui est l’objet de mon inspiration. Je peins son espérance, ses joies, ses peines, sa liberté d’expression, d’opinion au sein de la famille et de la société un environnement troublé par l’homme.

Comment pourriez-vous apporter des améliorations à cet environnement ?

Mme Achab : Il y aura certainement un changement, si tout le monde s’y met. Je crois intimement au changement.

Mme Faci : On change les choses avec beaucoup d’amour, d’affection et en croyant en ce que nous faisons et en gardant un grand espoir.

Comment percevez-vous la condition féminine dans notre pays ?

Mme Achab : Je pense, et c’est mon opinion, que la femme est libérée. Elle a un minimum de liberté contrairement à hier. Elle s’est épanouie en Kabylie et a pu s’ouvrir à d’autres horizons.

Mme Faci : Elle évolue d’un côté tout en sacrifiant quelque chose de l’autre.

Quelle différence entre la femme d’hier et celle d’aujourd’hui ?

Mme Achab : Je ne sais quoi dire sur ce sujet. Cependant, la femme d’hier était responsable, sage dès son jeune âge. Elle assumait de grandes responsabilités au sein de la famille sans pour autant aller à l’école. Elle a élevé et éduqué des hommes. Aujourd’hui, elle assure des responsabilités professionnelles, parfois au détriment de sa vie de famille. Mais toutes les femmes ne sont démissionnaires pour autant.

Mme Faci : Il y a tout de même un conflit de génération qu’il faut prendre au sérieux tout en évacuant les points négatifs. Ce qui se passe autour de nous, nous renseigne sur la démission de certains parents, mais les deux. L’enfant manque de tendresse et d’amour ! Il faut réconcilier les générations pour un meilleur équilibre de la société.

Vous continuerez à peindre ?

Mme Faci : Peindre, peindre, peindre et il n’y a pas de limite d’âge pour l’art. J’ai beaucoup d’idées et de nombreux sujets m’inspirent.

Mme Achab : Je m’investirai encore davantage et avec ce public merveilleux je ne peux qu’être encouragée.

Nous vous laissons conclure…

La nouvelle génération ne doit pas perdre espoir car elle est l’avenir de la nation. Il faut lui faire confiance ! Nous remercions les organisatrices et les organisateurs de cet évènement que nous n’oublierions pas de si tôt. Les arts plastiques doivent intéresser tout le monde. Il faut encourager les jeunes à s’exprimer à travers le dessin, la caricature, la peinture sous toutes ses formes. Ça fait partie de la vie avec toutes ses émotions.

Entretien réalisé par Arous Touil

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