Deux chansons de Cherif Khedam

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Di terga id yemghi lahbaq « Dans la rigole a poussé le basilic.Je suis étonné lorsque je le surpris fané,Etiolé avant terme.Il reçut les dards du soleil.S’il y avait quelque justice, Un cœur trop ennuyé s’en serait bien réjoui.Mais ce fut contre son gré Qu’il quitta son ami,Le rosier qui a su l’élever.Ils ont poussé par la grâce de la Providence,Associés dans la passion,Zéphyr de pur amour.Lorsque la brise a soufflé sur eux, Ils inclinèrent leurs corps l’un contre l’autre ;Le cœur des gens qui les voient s’emplit de bonheur.Ils vécurent un temps de béatitude,L’un prenant soin de l’autre,Et oublièrent la trahison qui les guette.Une main envieuse et maléfique,Par la faucille, en vint À séparer deux âmes sœurs.Elle laissa le basilic languir dans la tristesse Et voir ses feuilles blêmirEt jaunir avant terme.On cloîtra la Belle dans un palais,Pour de splendeur se parer ;Or la splendeur est dans les cœurs !Comment pourra-t-elle vivre et se résigner ?L’homme méprisant L’a séparée des amis.En jouit qui n’a pas su en prendre soin, Et tire plaisir à la voir Tel un oiseau privé de ses ailes.Voici un conte que nous narrons Et qu’il faut transmettre au maquignon Qui vit du commerce des tripes.  »

Ruh sel itjur ma cfant

« Va écouter les arbres s’ils en gardent souvenir.Quand je me rappelle, mon cœur larmoie !Le grand frêne est toujours là :S’il pouvait parler, il a bien quoi raconter.Les oiseaux sur la treille Se mettent de la fête pour se mêler à notre joie.Combien furent doux ces moments !Témoigne, ô pierre, si je mens !Le bon sens sert de fondement à la vieC’est lui qui résout les problèmes.S’il se montre tortueux, les lampions s’éteignent,Tu vivras dans les ténèbres.Si tu ne tends pas le regard vers l’avenir,Tu seras entraîné dans le sillage des gens dupés.Le bon sens à lui seul ne suffit pas,À trop le suivre, on se fourvoie.Il cherche à honorer son devoir,Mais il a besoin de conseillers.Il finit par arracher son dûSans avoir à trop peiner.Ce qui, en lui, vaut contrariété,C’est qu’il manque de constance. Mon cœur est hanté par l’angoisseLorsque je me rappelle notre jeunesse.Je garde en moi tout ce que tu m’as dit ;Je le répéterais si je le pouvais.Tu redoutais, comme si tu en étais avertie,L’issue de notre chemin.Dans le rêve, tu étais bien avec moi,Au réveil, ce fut la séparation.Comme j’aime plonger dans les souvenirs,Même si j’en crains les retombées sur mon cœur !Comme si j’attendais quelque chose,Même si je sais que tout est perdu.Je n’en ai soufflé mot à personne.Je n’ai plus de compagnon.Il me reste une personne à qui faire mes confidences :Toi, qui représentes mes ailes !La séparation ne vient ni de toi ni de moi ;Nous n’avons rien à nous reprocher.Si tous les gens étaient comme nous, Jamais nous n’aurions un quelconque ennui.Lésés, nous en perdons la parole.C’est la loi des temps maudits !Le jour s’achève, le soleil décline ;Comprenez, ô gens, et souvenez-vous-en.  »

Traduction : Amar Naït Messaoud

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