Dr Hugh Roberts présente son ouvrage Algérie-Kabylie, étude et inervention

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Le Docteur Hugh Roberts, écrivain anglais, a été invité avant-hier jeudi à la librairie KLMI –édition où il a présenté son ouvrage, un recueil de textes au contenu riche et éclectique, «Algérie- Kabylie, Etudes et Interventions» devant un public essentiellement composé d’universitaires (filles et garçons). Si cette rencontre se voulait une vente-dédicace, elle s’est transformée en une rencontre entre ce britannique, fasciné par l’organisation sociale et anthropologique, et l’assistance. D’emblée, il dira que dès son arrivée en Kabylie au milieu des années 70, et plus précisément en 1973 à Bouira pour enseigner la langue de Shakespeare, il découvrira cette belle région d’Algérie qui est la Kabylie. «Dès que j’y ai posé mes pieds, j’ai commencé à m’intéresser à la Kabylie en me déplaçant dans de nombreuses localités pour étudier la structure sociale des Kabyles que je jugeais déjà des plus avancées dans le pourtour méditerranéen», commencera-t-il par annoncer au public avant de parler de ses motivations pour écrire en langue française pour rendre accessible au lectorat algérien ces points de vue, ces études et ces interventions. «Ce sont surtout des articles écrits au milieu des années 90 alors que la crise que traversait le pays était grave et difficile. Ainsi, j’ai commencé à prendre attache avec des intellectuels algériens, à l’exemple de mon ami Mahfoud Bennoune. Nous organisâmes alors des rencontres, des colloques en Angleterre et en Amérique pour alerter ces deux grandes nations que l’Algérie n’était pas au bord de l’explosion, mais seulement, la situation était, certes, dangereuse et critique et que tout allait rentrer dans l’ordre. Contrairement à ce que les Français véhiculaient comme thèse», avouera-t-il devant l’assistance qui l’applaudira vivement. Et d’ajouter : «durant ces moments difficiles, les intellectuels étaient vraiment désespérés. Ensemble, nous avions mené un combat d’explication». Donc, notera-t-il, c’est à partir de là qu’il prit l’idée d’intervenir partout pour éclairer l’opinion internationale sur ce qui se passait dans ce pays. Revenant à cet ouvrage, Hugh Roberts expliquera qu’il est scindé en deux parties. Tout d’abord, une introduction qu’il consacrera aux prémices historiques d’une libération inachevée (1994). Dans la première partie intitulée «études», il traitera de la violence en Algérie entre microsociologie et Histoire (1998) à propos du livre de Luis Martinez «la guerre civile en Algérie (1990-1998 ra cette idée de guerre civile que voulait faire circuler cet auteur, mais, pour lui, il s’agissait seulement d’une étape que traversait l’Algérie et qui serait dépassée. Il y répondra aussi dans son étude «Perspectives sur les systèmes politiques berbères» (2002) où il n’épousera pas les mêmes idées développées par Geliner et Masqueray ou l’erreur de Durkheim. Il fera aussi une analyse qu’il intitula «La Kabylie à la lumière tremblotante du savoir maraboutique» en 2002. Dans un autre chapitre, il s’intéressera aux thèses formulées par Geliner et Bourdieu à propos de la segmentarité et l’opacité. Là aussi, l’auteur ne sera pas d’accord avec les idées de ceux-ci. La deuxième partie est titrée «interventions». Là l’ex-enseignant d’anglais de Bouira (1973-1974), reviendra sur le rôle de la Djemaâ en Kabylie en 2001, suivie de «La Kabylie, champ de bataille» (2001), allusion faite au mouvement des aârchs, Le Printemps Noir. Dans «Agitation et impasse», il expliquera les tentatives de dialogue, les décisions politiques prises par le pouvoir. Dans les chapitres suivants, le lecteur aura l’occasion de lire les analyses de Hugh Roberts : La Kabylie, un déficit de représentation politique (2003) et La Kabylie au cœur de la crise de l’Etat algérien (2003). Ce sont deux entretiens qu’il avait accordés successivement à Algeria-interface et Kabyle.com. L’auteur consacrera aussi un article à Mahfoud Bennoune titré «une appréciation» paru en 2005. Dans cette partie, l’écrivain décortiquera les mécanismes du mouvement des aârchs à la lumière de ses connaissances anthropologiques et sociologiques (analyse de la djemaâ et des aârchs), mais il réfléchira aussi plus globalement sur l’opacité du système algérien et l’impasse dans lequel l’Etat semble se trouver aujourd’hui. Par ailleurs, il abordera dans cette seconde partie de l’ouvrage l’officialisation de Tamazight en Algérie et la question de la graphie : réflexions et considérations politiques (2007). En conclusion, dans cet ouvrage analytique, Hugh Roberts présentera son analyse sur «Le problème des institutions en Algérie pour une philosophie de la réforme». En somme, ce recueil passionnera, indubitablement, aussi bien les non-initiés, les experts comme les profanes, comme il est mentionné sur la quatrième de couverture. Au terme de la présentation sommaire de son livre, l’invité de KLMI-édition sera interrogé sur divers points dont celui du Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie. «C’est un mouvement né dans la foulée des événements de Kabylie de 2001. Il faudrait que les uns et les autres dialoguent entre eux et donnent leurs avis sur des thèmes qu’ils jugent utiles. Pour ma part, j’ai toujours considéré que la Kabylie est algérienne et qu’elle a joué un rôle très important dans tous les moments difficiles que traversait ce pays. La Kabylie a beaucoup donné à l’Algérie», répondra-t-il. M. Hugh Roberts a été aussi interrogé sur le déclenchement de la Révolution algérienne en 1954. A cela, il expliquera que même si c’était fait un peu dans la précipitation parce que, peut être, c’était aussi une manière de mettre fin au problème entre Messalistes et centralistes, c’était un choix respectable. À cœur ouvert, le conférencier mettra à l’aise ses interlocuteurs en répondant pédagogiquement et avec sérénité à toutes les questions qui lui ont été posées sans aucune gêne et passion. «Ce livre est indispensable pour comprendre l’Algérie contemporaine», lit-on sur la quatrième de couverture. Au terme de cette rencontre, il dédicacera «Algérie-Kabylie, Etudes et interventions» qui intéressera, d’ailleurs, plus d’un.

Amar Ouramdane

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