Ath Ali Outhemim est l'un des plus anciens villages de la région de M’chedallah. Il est perché sur une colline surplombant l'actuel chef-lieu de la commune de Saharidj sur sa partie nord à environ trois km à vol d'oiseau.
Sa position dominante, avec une vue dégagée sur la vallée du sahel où était concentré le gros des troupes de l’armée française, a fait de ce village une position des plus stratégiques sur le plan militaire et un lieu de repos pour les fidayine et maquisards de la région où sont implantés plusieurs points de commandements de l’ALN, tels que Taguemont et Izerwel à l’est, Tala Rana au nord et Ich Umehrum (le pic du lion) au nord-ouest. Les villageois engagés pleinement dans la révolution assurent la logistique, le refuge et le renseignement aux maquisards mais aussitôt que les officiers militaires français s’en rendirent compte, ils leur imposèrent de poser une clôture autour du village, ce qu’ils refusèrent catégoriquement. En août 1959, un violent accrochage opposa les troupes françaises aux maquisards qui leur avaient tendu une embuscade à mi-chemin entre ce village et celui d’Ivelvaren, au lieu dit Vufenzar et Lakrar, leur causant d’énormes pertes. C’est durant cet accrochage que Louggani Saadia, épouse Haddad, tomba aux champs d’honneur avec quatre de ses compagnons. Immédiatement après cette bataille, le village fut rasé et ses habitants évacués de force vers plusieurs endroits contrôlés par les forces coloniales, tels que Assif Assemadh, Ath Yekhlef, Zouzamen et Ighrem dans l’actuelle commune d’Ahnif. Ces lieux étaient ceinturés de doubles clôtures en fil barbelé avec une seule porte-barrière aux fins de contrôler toute rentrée ou sortie et mise sous surveillance permanente par des postes avancés des militaires français.
Une année plus tard, soit en 1960, plusieurs villageois d’Ath Ali
Outhemim ont tenté de regagner leur village mais ont été brutalement chassés par l’armée coloniale. Il en était de même pour le village d’Ivelvaren rasé aussi. A la même époque, ils furent déclarés « zone interdite » et l’ordre a été donné par les officiers supérieurs de tirer à vue sur toute personne qui se serait aventurée à l’intérieur de ce périmètre. L’interdiction durera jusqu’à l’indépendance. Ce village aux 38 martyrs, qui compte 06 adhrums, est à vocation agro-pastorale. Il comptabilise à l’heure actuelle 5000 âmes. Ses représentants ont tenté en 2008 de le reconstruire sur une assiette de terrain cédée par un bénévole de ce village en ficelant un dossier dans le programme d’habitations groupées. Des travaux de terrassements y ont été effectués après l’aval reçu des services techniques et plusieurs logements ont été réalisés dans le cadre du programme d’auto-construction des années 1970/1980. Ces habitations ont été à leur tour abandonnées à partir de 1993 suite à l’apparition des premiers groupes de sanguinaires islamistes du sinistre GIA.
Oulaid Soualah