Par S. Ait Hamouda
Les murs de la ville, les artistes, ou ceux considérés ainsi, les ont amochés. Il n’y a pas le moindre espace mural qui soit omis ou qui échappe à leurs soigneuses mains mises. Partout où l’on peut apposer une affiche est occupé par un artiste, par une école ou autre publicité par des poster interposés. On ne peut s’empêcher, dès lors, de se poser la question sur le sens de la citoyenneté chez ces artistes, ou ces écoles privées, au point d’enlaidir leurs espaces. Ces producteurs de sens, d’idées et de beauté quelquefois, arrivent à permettre d’apporter leur image à cette mascarade, à cette anarchie qui peuple nos murs en restreignant le beau là où il en existe. Et puis, pas que ceux-là en période électorale, les partis citoyens et démocratiques apportent leur grain de sel dans l’enlaidissement de leur ville phare, le col des genêts, la capitale du Djurdjura, en affichant à tout-va, à l’emporte pièce, au grand bonheur la chance, leurs candidats. Pas un carré de mur n’échappe à leur emprise. Mais ceux qui sont sensés empêcher tout ce charivari de comportements inciviques, agressant le regard du plus irrésolu des citoyens, que font-ils pour donner à leur cité l’allure d’une ville avenante, propre et belle ? Rien, absolument pas grand-chose, en tous cas, ils s’en fichent. Au vu et au su de tout le monde, il s’en tape de l’attrait de la ville. Tizi est une mégapole sale, c’est une évidence, si en plus des pestilences qui agressent les narines du plus insensible de ses habitants à chaque coin de rue, le regard aussi est agressé là où il porte, là où il se penche, là où il se tend pour contempler …l’horreur. Irrémédiablement, le col des genêts est un fatras d’ordures et de murs salis par les mains et la volonté de ses résidents qui le veulent bien, qui la voulaient ainsi.
C’est ainsi qu’ils la désirent, qu’ils la veulent, qu’ils l’apprécient et tant pis pour tous les autres qui l’aiment, par-dessus tout, belle et rebelle. Aujourd’hui, sa beauté émoussée et sa rébellion désamorcée pour que ne règne que la putréfaction de ses déchets domestiques. Mais qui se souvient du Tizi-Ouzou d’antan ? Vraisemblablement personne.
S. A. H.