Verdict le 6 septembre

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Le procès en appel dans l’affaire du citoyen de confession chrétienne Bouhafs Slimane, condamné en première instance à cinq ans de prison ferme et à une amende de 100 000 DA pour «offense à l’islam et au prophète», s’est déroulé hier matin, à la cour de Sétif. Le prévenu a été assisté dans sa défense par deux avocats de la ligue algérienne des droits de l’homme, bureau de Béjaïa. Atteint de la maladie de la goutte, Bouhafs s’est présenté devant la barre «affaibli et fatigué». Devant le juge, «il a plaidé son innocence, réfutant d’avoir porté atteinte à l’Islam et à son prophète». Natif de Bousselam, ce citoyen de 49 ans a déclaré au juge : «J’ai juste partagé des messages qui ne sont pas à moi. Je respecte toutes les religions, dont l’islam», a-t-on appris de Saïd Salhi, vice-président de la LADDH, qui a assisté à l’audience. Par ailleurs, Bouhafs a dit «assumer le fait d’avoir exprimé sur son compte Facebook, son opposition et ses critiques contre l’islam radical, le terrorisme et l’article 02 de la constitution, à savoir « Islam religion de l’état »», a souligné notre source. Nous apprendrons également que durant son intervention, le prévenu, converti à la foi chrétienne en 1997 et baptisé à l’église de Béjaïa, «a revendiqué la séparation de la religion de l’Etat». Pour leur part, les avocats de la défense, en l’occurrence Me Ikken et Me Dabouz, ont à tour de rôle dénoncé «les irrégularités» du procès de 1ère instance, qui a eu lieu au tribunal de Beni Ouartilane, le 31 juillet dernier. Les hommes aux robes noires ont dénoncé le fait que «le procès a été expédié le jour-même de l’arrestation de Bouhafs», soit le 31 juillet 2016, et que «le prévenu a été jugé sans avocat et mis en prison le même jour». «C’est un de ces procès d’exception ! Les droits du prévenu n’ont pas été respectés, ce qui rend le procès de première instance caduc», s’indignent les avocats de Bouhafs, lesquels ont plaidé pour «l’annulation du verdict et l’abandon des poursuites et, à défaut, que seule l’amende contre le prévenu soit retenue». Notons par ailleurs, que ce procès s’est déroulé sous les regards des membres de l’Observatoire Algérien des Procès (OAP), représenté hier, par Me Hmaili Boubkeur, Boumedjane Hocine et Chiter Adbelouhab, ainsi que Salhi Said, également vice-président de la LADDH. A souligner que les membres de l’OAP ont été empêchés, au début, d’assister au procès. «Les responsables de la LADDH ont demandé l’accès à l’audience du fait qu’elle était publique, mais les services de sécurité leur ont signifié qu’ils avaient reçu l’instruction d’interdire l’accès à toute personne en dehors des prévenus et leurs familles», a affirmé M. Salhi. Il a fallu la protestation des responsables de la LADDH, qui ont dénoncé «cette mesure arbitraire auprès du procureur général, pour que les membres de l’OAP et les militants de la LADDH soient autorisés à assister au procès», nous a confié le vice-président de la Ligue. Après avoir entendu toutes les parties, le juge a annoncé que le verdict sera prononcé le 6 septembre prochain, tout en maintenant M. Bouhafs Slimane en détention provisoire à la prison de Sétif. Pour sa part, la LADDH a exprimé «son regret que le prévenu n’ait pas bénéficié de liberté provisoire vu son état de santé» et a appelé au maintien de la solidarité et de la mobilisation «pour exiger le respect des droits et libertés», tout en demandant «l’abandon de toutes les poursuites contre le prévenu».

Boualem Slimani

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