Les habitants du village Tikesraï, situé à 10 kms du chef-lieu communal d’Ahnif, résistent encore, vaille que vaille, aux conditions de vie pénibles auxquelles ils sont confrontés. « Les plus nantis ont quitté le village pour s’installer ailleurs, à M’chedallah, à Bouira et à Ahnif. Ici, il ne reste que les habitants qui n’ont pas les moyens de quitter le village « , déplore un sexagénaire très éprouvé par la vie dure qu’il mène, comme ses semblables, dans ce village oublié. En effet, comme l’a si bien dit notre interlocuteur, le village de Tikesraï, situé dans la région de Tamellaht, est confronté à un exode rural qui a provoqué une saignée parmi « ses fils ». Actuellement, il n’y habite que quelques centaines d’habitants, ceux-là même qui n’ont pas les moyens de s’installer ailleurs. Ce village aux 37 martyrs, tombés au champ d’honneur durant la guerre de libération nationale, a subi les affres du terrorisme durant la décennie noire, période pendant laquelle s’est déclenché un exode massif. Avec le retour de la paix, peu d’anciens habitants y sont retournés, car le village ne peut plus faire vivre comme avant. L’agriculture y a reculé et ses filières délaissées. Et puis, les commodités de vie les plus élémentaires manquent terriblement dans ce village de Tikesraï. Les Tikesraouis affirment y vivre comme dans un purgatoire. Ils peinent à avoir une goutte d’eau dans leurs robinets, demeurés à sec depuis des semaines. L’achat des citernes d’eau est une autre épreuve difficile pour ces damnés qui ne demandent qu’à vivre dignement. «Même les tracteurs qui acheminent l’eau potable à partir des sources se font rares et il faut prendre commande plusieurs jours d’avance avant d’avoir une citerne tractée», regrette un habitant rencontré sur place. D’ailleurs d’autres carences et non des moindres empoisonnent le quotidien des habitants de cette contrée où le gaz de ville fait défaut. Les habitants continuent à s’approvisionner en bonbonnes de gaz butane comme jadis, et ce, non sans consentir des charges coûteuses pour eux, à travers la location de véhicules pour s’en approvisionner dans les localités d’Ahnif ou de Chorfa, localité où se trouve le centre enfuteur et auprès duquel les bonbonnes de gaz sont disponibles en permanence.
Y.Samir

