Qui se soucie de l’environnement ?

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Le déversement des gravats et autres déchets prend des proportions alarmantes, ces dernières années, dans l’ensemble des localités de la Kabylie.

Ainsi, on peut constater des monticules formés par divers gravats déposés sur le sol en toute impunité souvent à quelques mètres des routes. Ces déchets inertes résultent des travaux de démolition de vieilles bâtisses ou des chantiers en cours de construction qui sont transportés ensuite par camions et déposés à ces endroits par des entrepreneurs ou de simples citoyens. À Chemini, ce phénomène connaît une montée fulgurante tant l’invasion effrénée de ces déchets sur l’ensemble du réseau routier. L’exemple le plus édifient est l’axe routier Semaoune-Antenne RTA qui n’échappe pas à l’entreposage sauvage des déblais, des blocs de roc et gros cailloux et des déchets de toutes sortes longeant cette route. Une partie très importante de ces déchets se présente en mélange, comprenant non seulement des inertes et des DIB (déchets industriels banaux, évolutifs, mais sans danger pour l’environnement : bois, plastiques, cartons), mais aussi des DIS (déchets industriels spéciaux : peintures, mastics, colles, solvants et leurs emballages, outils souillés, …). Seuls les métaux, pour leur valeur économique, ne figurent pas dans ce décor de désolation. D’une manière générale, il parait clair que dans le domaine du bâtiment, rares sont les acteurs qui accordent une attention suffisante aux déchets qu’ils produisent ou font produire. Le sujet semble ne pas inquiéter les responsables à la tête de la daïra et de la municipalité. Sinon, comment expliquer l’indifférence des autorités locales face à un tel désastre ? Petits chantiers ou grands chantiers, ils sont souvent générateurs de dépôts sauvages, sur trottoir ou en bord de route, reportant sine die leur collecte. Une des difficultés du sujet est l’hétérogénéité des acteurs, depuis les grands donneurs d’ordres et les entreprises avec lesquelles ils traitent jusqu’au particulier qui discute avec un artisan ou qui réalise lui-même un certain nombre de travaux dans sa maison. Au demeurant, les déchets plastiques et inertes affectent, d’une manière sérieuse, l’environnement. Ils sont présents, partout, dans les rues et ruelles, dans les cités, aux abords des routes, dans les forêts, donnant un aspect de désolation aux sites et paysages. D’ailleurs, l’année dernière, les responsables locaux ont eu la maladresse de déverser des monticules de sacs d’amiante résultant des travaux de démolition du lycée de la commune éponyme au cœur de la montagne surplombant la commune.

«L’APC ne joue pas le jeu»

Les habitants du village Semaoune ainsi qu’une association écologique dudit village se sont battus bec et ongle pour «forcer» l’APC de Chemini qui «ne joue pas le jeu» à se rétracter enfin et enlever ces déchets. Le hic est que ces sacs d’amiante ont de nouveau atterri à l’enceinte de l’établissement scolaire Ouddak Arab. Et à ce jour, rien n’est entrepris pour désamianter ledit site, laissant ainsi la santé des potaches à la merci de ce danger imminent.

Les services de nettoiement de la commune sont dépassés et ne peuvent en aucun cas élargir leurs interventions pour faire débarrasser ces déchets qui ont tendance à n’épargner aucun espace, devant l’indifférence des uns et des autres et l’absence totale de civisme et d’application des lois sur la préservation et la protection de l’environnement. Compter sur les agents de nettoiement de la commune et sur les ateliers du dispositif «Blanche Algérie» pour faire débarrasser l’environnement des déchets plastiques et inertes, c’est escamoter tout simplement cet épineux problème de la pollution qui tend à «pourrir» la vie aux villageois. Remédier à la détérioration du cadre de vie en particulier et de l’environnement en général semble ne pas être dans les priorités des responsables locaux. Le créneau de l’assainissement de l’environnement est en mesure de créer un nombre important d’emplois durables dans les domaines du nettoiement, du gardiennage, de l’entretien et du jardinage. Aussi, des campagnes de volontariat, de temps à autre, peuvent contribuer également au maintien de la propreté des lieux.

Qui devrait veiller au respect des normes?

Au même titre, les détenteurs de déchets inertes doivent respecter les dispositions réglementaires spécifiques relatives aux modalités de collecte des déchets entreposés lors des travaux. L’entrepreneur veillera tout particulièrement à maintenir la propreté des abords du chantier et des routes empruntées, en faisant procéder à leur nettoyage à chaque fois que cela s’avère nécessaire, et en évitant le délestage des camions trop chargés, lors des transports de déblais et matériaux. En matière de dépôt sauvage, il est important de rappeler que si le maire reste inactif, il commet une faute lourde de nature à engager la responsabilité de la commune.

L’habitude invétérée et des entrepreneurs et des citoyens de déverser sauvagement leurs déchets aux abords des routes n’est pas prête de connaître son épilogue. L’exiguïté des routes asphaltées aux virages rétrécis n’arrange guère les usagers, qui peinent à se frayer un passage. Pratiquement, aucune bourgade n’est épargnée par ce comportement incivique. L’insouciance et la négligence de ces entreposeurs interpellent à plus d’un titre, et ce, au vu et au su des autorités locales. Ce qui est frappant est qu’aucune mesure coercitive n’est, à présent, prise. Au milieu de tout ce fatras, le réseau routier ne cesse de se rétrécir comme un liséré à cause du non-respect des normes urbanistiques, à savoir l’éloignement des habitations de l’axe routier de plus de sept mètres. Le constat est tout autre, car plusieurs logements sont à presque la route. Moult interrogations restent suspendues. Que font les organismes censés réglementer les plans de construction et veiller au respect des normes susdites ? «Les collectivités locales ont un rôle exemplaire à jouer pour la bonne gestion des déchets. Les communes sont aussi un relais important de formation/information vers la population, et elles ont très probablement intérêt à protéger leur environnement de toute dégradation, et ce, en mettant les bouchées doubles pour mettre un terme à cette catastrophe écologique», préconise Salim, ingénieur en écologiste.

Bachir Djaider

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