«La culture a besoin de création !»

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La Dépêche de Kabylie : Quelles sont les nouvelles de Farid erragui, à la veille de cet hommage qu’on s’apprête à vous rendre en ces jours de fête ?

Farid Ferragui : Bonne fête de l’Aïd à tous. Me concernant, je vais bien, merci à tous ceux qui s’en inquiètent, la vie continue comme on dit. Il y a des hauts et des bas, mais il faut toujours positiver pour aller de l’avant. Personnellement, je prends la vie comme elle vient. On est en période de l’Aïd, pour moi c’est un rendez-vous sacré et au delà de l’aspect religieux, cette fête fait partie intégrante de notre culture. Je l’ai passée en famille. Ca été l’occasion de se réunir et surtout de voir des amis de longue date que les tracas de la vie quotidienne ont éloignés des yeux pour certains. Les enfants étaient contents, je l’étais aussi avec eux. A l’occasion j’en profite pour présenter mes vœux à tous les Algériens de manière générale et à mes fans en particulier.

Mais sinon que vous inspire cet hommage qu’on s’apprête à vous rendre ?

Je suis très heureux qu’on ait pensé à me rendre cet hommage. En 2012, ce sont des amis qui m’avaient fait cet honneur. Pour celui de ce 17 septembre, c’est différent. Ce sont la direction de la culture, l’ONDA ainsi que le mouvement associatif qui en sont les initiateurs. C’est une reconnaissance pour moi. J’ai 35 ans de carrière, c’est réconfortant. La plupart de mes fans ont l’âge de mes chansons. Le plus important pour un chanteur, c’est l’amour de ses fans, c’est ce qui nous incite à continuer.

35 ans après, Farid Ferragui chante toujours l’amour, avec la même sensibilité toujours aussi inspiré c’est quoi le secret ?

J’ai chanté ma vie, c’est mon histoire et je ne l’ai jamais caché. C’est la continuité d’une vie.

L’amour fait partie de moi. Je ne suis pas un simple parolier, mes chansons je les vis. Ça touche les gens parce que c’est sincère, je n’invente pas. Il n’y a pas de mensonges. Beaucoup de gens se reconnaissent dans mes chansons.

Ceci dit, Farid Ferragui a également chanté l’engagement militant, la société le social…

Oui effectivement, j’ai chanté la politique, l’identité mais je ne suis pas un politicien. Je suis un chanteur qui ne peut rester indifférent à tout ce qui se passe autour de lui. La politique fait partie de notre quotidien, je ne fais que constater. J’ai accordé beaucoup d’importance au social aussi. La famille étant la base de la société c’est notre repère.

Vous vous faites rare cependant sur scène, c’est dû à quoi ? ême au mois de Ramadan où les sorties des artistes se multiplient, ous étiez absent…

C’est vrai, mais c’est un choix que j’ai fait. Pendant le Ramadan, moi je jeûne, donc je ne suis pas capable de chanter.

Puis j’ai l’intime conviction que pendant ce mois, les gens ne sortent pas spécialement pour tel ou tel chanteur. Ils sortent pour se distraire ou passer le temps. Ils ne font pas très attention aux chanteurs. Je préfère donc avoir deux trois galas pendant le reste de l’année. A ce moment là je suis certain que les gens viendront pour moi. Je préfère faire peu mais de bons spectacles.

Avez-vous fait des galas cette nnée ?

Non, pour des raisons personnelles. Pour l’année prochaine, le programme sera riche et chargé. Je vais me produire un peu partout. Vous en saurez plus le moment venu.

Comment évaluez-vous la scène musicale kabyle actuellement ?

Je dirai qu’on traverse un moment difficile. Un passage à vide.

On se cherche. Un jour, on reviendra sûrement à la source. Cette situation n’est pas propre à la Kabylie. C’est dans un contexte global de mondialisation et d’éclatement culturel.

Justement, la chanson dite commerciale inonde le marché musical et les nouveaux chanteurs ullulent… Que pensez-vous de tout ce nouveau monde ?

Je pense qu’on a besoin de tout le monde, mais il est bon de savoir qu’on doit promouvoir notre culture, et ce n’est pas avec des chansons jetables qu’on peut le faire. Ces chanteurs doivent penser à créer, ils ne doivent pas rester dans ce style et faire toute une carrière avec.

Ce sont des chansons qu’on écoute pendant les fêtes, et c’est bien, mais il ne faut pas en rester là. Une culture à besoin de créations.

Que fait Farid Ferragui en dehors de la chanson ? La chanson fait-elle vivre en ce moment ?

Je ne fais pas une autre activité lucrative. Je mène une vie modeste. Mais en effet, on arrive à vivre de la chanson.

Après le dernier album sorti recemment, d’autres projets à l’horizon ?

Oui, j’ai toujours des projets. J’écris beaucoup. Mon prochain album est en préparation. Deux chansons sont déjà prêtes.

On a constaté dans vos derniers albums que vous êtes toujours fidèle à votre style, Farid Farragui n’a jamais été tenté par l’introduction de nouveaux instruments et d’autres techniques modernes ?

J’ai déjà pensé sérieusement à ça. J’ai même consulté des fans, des amis et des artistes, mais on m’en a dissuadé. Je trouve que c’est un risque inutile à prendre. Mes fans aiment ce que je leur donne, et c’est rare que les gens soient satisfaits ou aient ce qu’ils veulent.

Pourquoi les en priver alors ? Un dernier mot pour vos fans…

D’abord, je remercie la Dépêche de Kabylie pour son rôle dans la promotion de notre culture et d’avoir pensé à moi. Ça me touche. Je donne rendez-vous à tous mes fans, le 17 septembre prochain (aujourd’hui ndlr), à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou.

Entretien réalisé par Kamela Haddoum

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