Les hémodialysés lancent un SOS !

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Jeudi matin, des malades hémodialysés ont refusé de faire leurs séances de filtrage durant plus d’une heure, pour protester contre ce qu’ils qualifient de «marasme» au sein du service de néphrologie de l’EPH Mohamed Boudiaf de Bouira.

En effet et selon le président de l’association des hémodialysés de la wilaya de Bouira, il y va de la santé et de la vie des malades qui ne seraient «pas pris en charge». «Les machines d’hémodialyse sont tout le temps en panne. Nous n’avons pas de néphrologue. Ils ne veulent pas recruter un ou je ne sais quoi… L’ancien DSP nous a promis des machines de réserve pour l’hémodialyse en cas de panne de celles en activité mais nous ne voyons rien venir», indiquera M. Izem Rabah. La non-disponibilité d’une machine qui calcule le poids sec ‘BCM’ et l’absence de suivi médical sont également décriés. «Le personnel paramédical n’écrit même pas sur nos carnets de suivi et les coordinateurs ne sont pas de ce service. Ils ont travaillé ailleurs et ignorent les spécificités de ce service d’hémodialyse», déplore le président de l’association des dialysés de Bouira. Pour lui, ce sont les malades qui paient dans une telle situation. «Qui paye cette gabegie ? C’est le malade. Lorsque sa séance arrive, il n’est pas dialysé correctement… Des médicaments qui sont vitaux pour le malade sont inexistants à l’instar du Renagel, du Mimpara, de l’Albumine ainsi que le fer injectable. Sans ce traitement, nous ne pouvons pas marcher. Il faut corriger l’anémie avec du fer», s’insurge M. Izem en exigeant l’affectation d’un néphrologue ainsi que la présence permanente de chefs de service qui ont de l’expérience dans le service d’hémodialyse. Un autre malade en fauteuil roulant rencontré sur place avouera être dialysé depuis 5 ans dans ce service et il abondera dans le même sens en dénonçant l’absence de suivi médical et l’absence d’analyses médicales : «Je viens, on me branche à la machine et je repars… Nous survivons par la grâce de Dieu. Il n’y a aucun suivi. Il y a un problème de néphrologue avec l’administration de l’hôpital. Ce n’est pas à nous de le régler ni de nous immiscer dans ce problème de recrutement. Personnellement, depuis le début de mes séances de dialyse, j’ai eu à faire avec 4 néphrologues qui ont tous quitté ce service», se lamente cet handicapé. Pour lui, le chef de service doit également être formé dans l’hémodialyse et ne pas avoir de l’expérience dans un autre service qui n’a rien de comparable à celui-ci. «L’absence de techniciens est également un problème qui se répercute sur la santé des dialysés», dénoncent-ils. «Sous prétexte qu’il y a une convention avec une firme bien spécifique implantée à Alger, il faut attendre que les techniciens viennent d’Alger et dès qu’ils repartent, la machine retombe en panne ! C’est aberrant, et ce sont nous les victimes», rage notre interlocuteur en nous citant un exemple concret. «Nous arrivons à 6h du matin et nous trouvons une machine en panne, nous devons attendre jusqu’à midi pour savoir si nous aurons éventuellement la chance d’être dialysés et ce n’est pas évident. Nous n’allons pas attendre que le technicien arrive d’Alger pour bidouiller la machine ! S’il y avait un technicien de permanence ici dans cet hôpital ou du moins à Bouira, cela soulagerait les malades.

Pannes répétées de machines, absence de néphrologue, des coordinateurs décriés…

On ne vit qu’avec cette machine», révèle cet hémodialysé. M. Izem est affirmatif quant à la disponibilité de l’Etat à prendre les hémodialysés en charge mais des rouages grincent entre les décisions et les applications sur le terrain. «L’État a donné tous les moyens nécessaires pour qu’on soit pris en charge correctement mais sur le terrain, les consignes ministérielles ne sont pas appliquées. Récemment encore, l’ancien DSP nous a promis trois machines d’hémodialyses, ce dernier a été muté à Saïda la semaine dernière et les machines n’ont toujours pas été mutées à Bouira !», ironisera-t-il. «Il nous a promis également l’ouverture du laboratoire pour le 1er septembre, mais hélas toujours rien et nous sommes à la mi-septembre», ajoutera-t-il. L’action de protestation initiée par ces hémodialysés se veut un cri de détresse envers les responsables concernés, afin d’améliorer leurs soins quotidiens. À noter, par ailleurs, que l’absence de propreté remarquée dans ce même service de néphrologie au lendemain de la fête de l’Aïd a été immédiatement prise en charge. Les femmes de ménage d’astreinte de l’entreprise de nettoyage n’avaient pas pu se rendre sur place à cause de l’absence de transport, nous-a-t-on confirmé. Les hémodialysés, après avoir discuté avec le personnel médical et le directeur de l’EPH qui se sont rendus sur place, ont repris leurs séances. Ils menacent, toutefois, d’entreprendre d’autres actions si leurs doléances ne sont pas prises en charge rapidement. «Nous demandons le départ des deux coordinateurs actuels et leur remplacement par des personnes plus compétentes. Les internes sont mieux formés pour ce faire. Nous voulons également le recrutement de plus d’infirmiers pour ce service sinon nous irons jusqu’à fermer les grilles de l’hôpital jusqu’à ce que le wali intervienne en personne», souligne-t-il. Pour sa part, M. Boutmer Djamel, directeur de l’hôpital Mohamed Boudiaf de Bouira, a pris acte de cette action de protestation.

Hafidh B.

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