Plus de deux semaines après la rentrée scolaire 2016/2017, le manuel scolaire de tamazight de la 1ère année moyenne, dit de la deuxième génération, est toujours indisponible dans les établissements scolaires. Non pas parce qu’il y a un manque dans la distribution comme c’est le cas pour d’autres manuels, mais parce que ce support didactique n’a pas été édité carrément, faute d’autorisation d’édition. D’aucuns estiment que le livre fait face à des enjeux personnels beaucoup plus qu’à des critères pédagogiques contenus dans le programme de la 1ère année moyenne de tamazight. D’après nos sources, c’est la commission de lecture et d’expertise qui a rejeté ce manuel. «La commission de lecture et d’expertise a rejeté ce document pour des considérations objectives. Le contenu de ce manuel ne reflète pas les attentes du programme de la deuxième génération. En fait, les concepteurs ont, tout simplement, manipulé le contenu de l’ancien livre. La commission l’a rejeté dans le fond et dans la forme», nous a déclaré un membre de la commission de lecture et d’expertise, qui est également inspecteur de la langue amazighe. Joint par téléphone, l’un des concepteurs de ce manuel confirme, effectivement ce rejet, toutefois, il réfute les arguments avancés par ladite commission et il accuse ouvertement «d’acharnement» ses membres à «vouloir saborder ce manuel». «Actuellement, une autre commission de lecture et d’expertise est en train d’examiner le livre. Nous attendons sa conclusion avant de réagir, car la première lecture est erronée et elle n’engage que l’avis de la commission de lecture et d’expertise. Nous avons travaillé sur la base des documents de références pédagogiques. Nous avons respecté tous les critères didactiques. Honnêtement, je ne comprends pas le rejet de ce manuel», rétorque l’un des concepteurs du livre. Nous avons essayé d’avoir d’amples renseignements sur les tenants et les aboutissements de ce feuilleton qui ne dit pas son nom au niveau de la direction de l’éducation de Tizi-Ouzou, mais le chargé à la communication au niveau de la dite institution se réserve d’avancer la moindre explication sur le sujet. C’est à peine qu’il convient que ce «manuel n’est effectivement pas disponible pour le moment». Avant de promettre toutefois d’en dire «plus dans les jours à venir». Entre temps, les enseignants et les élèves sont livrés à eux même d’autant plus que ce support didactique est indispensable pour les nouveaux recrus et que le temps du travail dans la nouvelle réforme de l’école est passé de 32 à 36 semaines. Et voilà trois semaines déjà de perdu pour l’enseignement de Tamazight ! A propos de ce retard, justement, un inspecteur de Tamazight de Tizi-Ouzou, en l’occurrence Abdellah Arkoub, qui assure actuellement une formation pour les enseignants de tamazight de la 1ère année moyenne, déclare qu’il «est vraiment regrettable de faire la rentrée scolaire sans la disponibilité de ce manuel scolaire. En plus de cette opacité qui caractérise son rejet ou son blocage dans le sens où nous ne disposons d’aucune explication par rapport à cette indisponibilité de ce livre, les enseignants et les élèves sont confrontés à une situation des plus confuses même si le manuel n’est qu’une simple lecture du programme. En effet, il peut y avoir plusieurs manuels différents pour un seul programme». Et pour palier à cette situation qui urge et qui risque de durer dans le temps, M. Arkoub ajoute : «Nous sommes devant le fait accompli, mais nous ferons tout pour surmonter cet obstacle. Nous disposons d’un programme officiel, donc, le collectif pédagogique s’attèlera à faire face en prenant une certaine autonomie dans la préparation de supports pédagogiques. Nous sommes en formation, une aubaine pour aborder ce côté. L’enseignant doit innover et il doit prendre des initiatives personnelles dans son travail», plaide t-il.
Hocine Moula
