Les services de radiologie "hors-service"

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Il est de notoriété publique que le service de radiologie de l’hôpital Khelil Amrane de Béjaïa manque de personnel et fonctionne au ralenti.

Mais ce qui se passe dans les centres de la périphérie n’est pas plus réluisant. Depuis plusieurs semaines, le service de radiologie de la polyclinique de Sidi Ahmed de Béjaïa est fermé. La raison invoquée est «une fuite radioactive dans les locaux, mettant en danger patients et personnel infirmier», nous raconte une infirmière rencontrée sur place. Les malades sont donc orientés vers d’autres structures, dont l’hôpital. Mais le problème ne semble pas encore pris en charge, car il faudra faire d’importants travaux d’isolation pour permettre la réouverture de ce service. Aucun délai, aucune date ne nous ont été communiqués quant à la réouverture de ce service. A l’hôpital Khelil Amrane, la priorité est accordée aux malades hospitalisés. Les patients venus de l’extérieur, pourtant recommandés par les médecins orthopédistes en consultation dans les polycliniques ne sont pris en charge qu’après avoir épuisé les besoins internes de l’hôpital. Sinon, ils sont orientés vers la polyclinique d’Ihaddaden. L’hôpital souffre entre autres, non de problèmes de locaux ou de matériel, mais de l’indisponibilité d’un personnel qualifié. Depuis des lustres, la direction du CHU ne cesse de réclamer des médecins radiologues. Les postes budgétaires sont disponibles et le besoin est urgent. Mais, semble-t-il, on ne se bouscule pas au portillon à cause, nous a-t-on dit, des mauvaises conditions de travail, et du problème de logements pour les radiologues venus hors de la wilaya de Bejaïa. A la polyclinique d’Ihaddaden, on est tout de suite frappé par le nombre de malades en attente de soins ou de consultation médicale. Les salles d’attentes sont pleines, et plusieurs personnes attendent debout. Il y a beaucoup de bruit et les lieux sont insalubres. Les murs lézardés et le parterre parsemé de toutes sortes de détritus. L’hygiène semble poser des problèmes à cette structure submergée de malades de toutes sortes. Au service radiologie, le carnet de rendez-vous affiche complet pour un mois. Mais la salle de radio est fermée, tous feux éteints. Une infirmière nous apprend que le nombre de radios faites par jour a été limité pour préserver le matériel. Récemment, ce dernier est tombé en panne et le service a dû fermer pendant deux semaines. S’il tombe encore en panne ce sera une véritable catastrophe. Une surveillante médicale nous apprend que pour toute la région, c’est le seul service de radiologie qui fonctionne encore à peu près. Les autres sont tous à l’arrêt : Sidi Ahmed, Toudja, Oued Ghir, etc… C’est ce qui explique que le service de radiologie d’Ihaddaden soit autant submergé car tout le monde s’y dirige. De plus, le personnel infirmier commence à se plaindre des conditions de travail, et s’inquiète de sa sécurité à cause des rayonnements ionisants dégagés par les appareils de radiologie. La durée de l’exposition de chaque opérateur dépasserait la moyenne, selon une opératrice rencontrée sur place. Il ne reste plus que les centres de radiologie privés pour faire face aux besoins urgents. Il y en a un certain nombre à Béjaia, mais le coût du cliché reste relativement élevé par rapport aux bourses moyennes. Que fait la direction de la santé de la wilaya pour remédier à cette situation ? Le service public restera-t-il tributaire des conditions mal prises en charge ? Les médecins interrogés à ce sujet se disent impuissants devant cette situation et renvoient les malades aux responsables de ces structures. Ils en pâtissent eux-mêmes, puisque souvent, ils ont besoin de clichés pour effectuer leur diagnostic, renvoyant aux calendes grecques les rendez-vous avec leurs patients, au risque de voir la santé de leurs malades en pâtir.

N. Si Yani

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