L’impact de la chanson kabyle sur la société en débat

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La salle du petit théâtre de la Maison de la culture a abrité, jeudi dernier, deux conférences-débats.

Sous le thème «L’impact de la chanson kabyle sur la société», ces deux dernières ont été présentées par Brahim Bentayeb et Halouane Hacène, après une projection d’un film-documentaire sur une carrière assez pleine, longue et riche du chanteur Atmani. La première conférence a été animée par Brahim Bentaleb qui vient de signer son 5ème dictionnaire en tamazight. «La chanson est née avec la naissance d’un bébé dans une famille», dira-t-il. Et d’ajouter : «La chanson existe chez l’être humain du berceau à la tombe». Par la suite, Brahim Bentaleb donnera les rôles et objectifs de la chanson. «La chanson exprime les sentiments, les joies, les déceptions, les douleurs, les évènements… Elle communique mais aussi réunit autour d’elle des personnes, des fans, des jeunes et des vieux. Et Atmani, en chanteur polyvalent, a réussi dans sa mission», soulignera-t-il. Le conférencier aborde le côté éducatif et psychologique de la chanson par l’imagination et le rêve. «La chanson éduque et rassemble autour d’elle des citoyens du même village, de la même ville, de la même région, du même pays avec un impact aussi important et fort qui déborde les frontières territoriales, car c’est le témoin de l’histoire», soulignera-t-il. Touchant le côté promotion et vulgarisation de la chanson kabyle, le conférencier rappelle l’intérêt que portent Maxime Le Forestier et la Finlandaise Stila à la chanson kabyle. «Stila prépare son doctorat sur la chanson amazighe», dira-t-il. De son côté Halouane Hacène (universitaire), entame sa conférence en disant : «La chanson kabyle est une rencontre avec les gens, des cercles concentriques qui s’élargissent pour atteindre l’ensemble du territoire et la société en général pour jouer le rôle de son porte-parole et au-delà des frontières, son ambassadeur». Il est certain qu’une chanson est perçue différemment : «Chaque chanson/mot a sa lecture et les mots ne sont pas dits ou lancés n’importe comment. Ils sont mesurés, ciselés et placés à la place appropriée. Car le chanteur, le vrai, conscient de ce qu’il affirme ne peut pas dire ce qu’il n’a pas vu, ce qu’il n’a pas ressenti». Le conférencier lance un avertissement et là il fait allusion, sans doute, à ces jeunes chanteurs qui chantent n’importe quoi et n’importe comment. «Nous devons construire la chanson kabyle et la promouvoir afin que la langue ne disparaisse pas», ajouta le conférencier qui n’hésitera pas à proposer une forme de «construction par standardisation» et cite deux côtés du savoir, en l’occurrence le savoir sociologique et le savoir anthropologique, pour lesquels des chercheurs et autres aînés de la chanson kabyle ont passé toute leur vie à faire des recherches, à l’image des précurseurs Saïd Boulifa, Mohand Arab Bessaoud, Mammeri, Matoub, Aït Menguellet, Slimane Azem, Kamel Hamadi et bien d’autres illustres chanteurs et artistes de tous les aspects. Atmani est l’un de ces hommes qui propulsa la chanson kabyle à un rang supérieur en touchant tous les aspects de la vie quotidienne : évènements qu’a connus la région et le pays en 1976, 1980, 1988, le séisme d’El Asnam (octobre 1980), une chanson Lasnam qu’il dédie aux 72 victimes de son seul village Zaknoun. Les débats furent importants et riches. Les présents se sont montrés curieux de connaître un peu plus sur ce chanteur que la génération actuelle découvre. Dans l’après-midi, une rencontre et un gala étaient prévus dans la salle de spectacles.

M. A. Tadjer

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