«Faisons place à la compétition des programmes»

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Le MPA d’Amara Benyounès a clôturé, hier, sa quatrième université d’été à Zéralda. Une rencontre qui a vu une large mobilisation des militants qui ont montré adhésion et détermination à aller de l’avant pour confirmer la place du parti sur la scène nationale.

Ce fut aussi l’occasion pour le secrétaire général Amara Benyounès de réaffirmer les positions de sa formation, toujours inflexibles à l’égard des islamistes, ainsi que les grandes lignes qui constituent le programme économique du MPA basé sur la nécessité de mettre en place une économie diversifiée qui rompra avec la dépendance pétrolière et surtout asseoir de nouvelles bases qui libéreront les initiatives du privé. Pour Amara Benyounès, il est vital de revoir le système économique en place qui a tendance à freiner les énergies et les investisseurs. Interpellé hier lors de sa conférence de presse sur «les lobbies qui parfois tentent d’imposer leur loi à l’administration, parfois à sa plus haute représentation», M. Benyounès a été tranchant et catégorique : «En tant que ministre, il est impossible que j’accepte qu’un lobby me dicte des choses. Si en tant que ministre je ne peux pas faire face à un lobby, je démissionne. Je parle de ma personne et pas d’autres». Affichant conviction dans ses propos, sans doute tirés de son riche parcours d’économiste, il n’hésite pas à plaider pour l’accélération de l’adhésion de l’Algérie à l’OMC qui traîne, pour le renforcement des actions de libéralisation du marché tout en imposant la loi dans toute sa rigueur. Comme il appelle à la «dédiabolisation» du privé ou encore le recours à l’endettement extérieur. Sollicité à commenter certaines «contradictions et incohérences» qui ont émaillé récemment les sorties de certains membres de l’exécutif, Amara Benyounès n’a pas jugé utile de s’étaler sur de telles questions tout en saluant l’intervention du «premier ministre qui a joué son rôle».

«En tant que ministre, je ne peux accepter qu’un lobby me dicte des choses…»

Il a par ailleurs appelé la classe politique à «relever le débat pour que les prochaines échéances électorales donnent lieu à une compétition des programmes et non à des règlements de comptes». La veille, M. Benyounès s’était plus longuement étalé sur ce sujet lors de son discours d’ouverture. Il avait saisi l’opportunité devant ses cadres et militants pour faire le point sur plusieurs sujets brûlants de l’actualité économique, politique et sociale du pays, notamment la conjoncture économique difficile, la question sécuritaire et les réformes de l’éducation. En effet, le secrétaire général du parti, dans son intervention, n’a pas mâché ses mots en parlant des nouvelles réformes de l’éducation. D’ailleurs, le secrétaire général du MPA (Mouvement Populaire Algérien) a affiché clairement son soutien et celui de son parti à ces réformes qui sont, selon lui, celles du président de la république «On soutient les réformes du secteur de l’éducation, qui sont celles du président de la république» a-t-il précisé.

«L’école doit être moderne. Elle doit être libérée des pressions idéologiques»

Toujours dans le même cadre, M. Benyounès s’en est pris de front aux islamistes, en les accusant d’entraver chaque tentative de réforme dans le pays tout en s’indignant de ce genre de pratique. «À chaque fois qu’on veut procéder à une réforme, on nous ressort des accusations : ceci est licite, cela est illicite (…) Ils ont même parlé des origines prétendument judaïques de son grand père (de la ministre, ndlr). On nous accuse aussi de Hizb frança (…) On connaît le courant politique responsable du terrorisme et on connaît celui qui l’a combattu». Pour le premier homme du MPA, l’école doit être libérée des pressions idéologiques «L’école doit être moderne. Elle doit former des citoyens, des esprits libres et non des militants». En outre, sur la menace islamiste, M. Benyounès a déclaré qu’ «il ne faut pas que la défaite militaire du terrorisme se transforme en victoire politique de l’islamisme». Par ailleurs, et dans le registre économique, le secrétaire général du MPA n’a pas nié les difficultés et les enjeux économiques auxquels fait face l’Algérie actuellement. «Il faut savoir que le premier défi à relever c’est de réussir la transition d’une économie rentière basée sur le pétrole vers une économie diversifiée», a-t-il soutenu. M. Benyounès, comme solution de sortie de crise et nécessité qu’impose la conjoncture économique nationale, s’est dit favorable à l’endettement extérieur. «L’endettement extérieur n’est pas une catastrophe mais une nécessité pour toutes les économies mondiales, à condition que l’on s’endette pour investir et non pour consommer», affirma-t-il.

«Réussir la transition d’une économie rentière basée sur le pétrole vers une économie diversifiée»

Quant au problème du foncier rencontré par les investisseurs en Algérie, M. Benyounès a estimé dans son intervention que «ce problème ne doit même pas se poser en Algérie qui est le plus grand pays d’Afrique». S’agissant de la règle 51/49 qui régit les investissements étrangers en Algérie, l’ex-ministre du commerce s’est dit favorable à sa révision. L’orateur a souligné «la nécessaire de lever certains obstacles qui entravent la relance de l’économie nationale». Il s’est aussi interrogé sur le retard du pays quant à l’adhésion à l’OMC. Dans le volet politique, le président du MPA a annoncé à l’occasion de son université d’été toujours dans son discours d’ouverture, que son parti sera présent pour les prochaines échéances électorales dans les 48 wilayas et dans l’immigration. «Les prochaines échéances électorales doivent donner lieu à une compétition de programme», a expliqué M. Benyounès qui n’a pas omis de rappeler ce qui est attendu de son parti. «Nous n’avons de compte à régler avec personne, ni avec aucun parti, ni aucune institution. On ne va pas insulter ni diffamer. On travaille pour l’Algérie et on s’inscrit dans la compétition. C’est ce qui est attendu du MPA», dira-t-il. En parlant du congrès du MPA qui se tiendra les 2 et 3 décembre prochain, le secrétaire général du MPA a évoqué la nécessité de réussir ce rendez-vous: «Qu’on nous aime ou qu’on nous déteste, on est la troisième force politique, c’est pourquoi on doit réussir le congrès».

Kamela Haddoum.

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